Réforme de la première ligne à Bruxelles : "Nous allons agréer de nouveaux dispositifs" (Alain Maron)

À l'approche des élections, la Région bruxelloise est-elle sur le point de concrétiser les efforts de réforme et de soutien de la première ligne entrepris depuis le début de la législature ? Alain Maron, le ministre régional de la santé, partage ses réflexions sur cette question cruciale, en exclusivité avec Medisphère.  Il met en lumière les progrès, les défis et les plans futurs en matière de santé et de social dans la région.

« Nous avons décidé de travailler le social et la santé ensemble. Les déterminants sociaux de la santé sont très puissants à Bruxelles. La crise covid a mis en exergue une série de problématiques que nous avions déjà identifiées dans l’accord du gouvernement. »

Cela se traduit comment ?

« En juillet 2022, le Collège de la COCOF et le Collège réuni de la COCOM adoptaient le Plan Social Santé Intégré (PSSI). Nous travaillons sur une territorialisation qui se traduit par la mise en place de 5 bassins et d’un travail de social-santé de quartier. Pour le PSSI, le cabinet, avec l’Observatoire du social et de la santé, travaille sur deux niveaux. Le premier, les «quartiers» (des zones de 15.000 à 30.000 habitants à l’intérieur d’une commune), sur lesquels sont implantés des «contrats locaux social-santé (CLSS)». Le deuxième niveau, celui du bassin (un territoire de 300.000 habitants), verra se côtoyer les acteurs de la santé mentale, de la santé somatique.... Les moyens dégagés pour la première ligne : près de 30 millions sur la législature, dont 17.5 millions dans le cadre des réformes actuelles."

Les médecins doivent faire face à des populations si différentes ?

Dans les quartiers, il s’agit de contrats locaux social-santé : Nous avons créé et agréé des contrats dans 18 quartiers sur 50. Dans le travail d’approche intégrée de chaque quartier, il y a des partenariats entre les maisons médicales, les pharmaciens, les autres acteurs de soins, les médecins solos... Nous travaillons en collaboration avec la FAMGB.

Nous allons agréer de nouveaux dispositifs qui préfigurent ce qui va se passer sur le terrain, comme RibauCare à Ribaucourt (il y a aussi l’Entr’aide des Marolles). Nous sommes là dans un quartier avec des problématiques sociales et de santé extrêmement aiguës (toxicomanie, addiction, surpoids, tuberculose, santé mentale...) qui demandent des prises en charge spécifiques.

À Ribaucourt, sous le même toit, il y a une Maison médicale, un Centre d’Action Sociale, un Planning familial, un service de médiation de dettes et un service d’accompagnement thérapeutique de toxicomanes « le Projet Lama ». Parfois le patient vient pour un problème social et l’on peut aussi agir sur sa santé et parfois c’est l’inverse. Notre réforme du décret ambulatoire va encourager ce type de dispositif.

Les généralistes ont-ils le temps de participer à ce type de démarche ?

« Ce n’est pas toujours le médecin solo de quartier qui peut le faire. Nous dialoguons avec des organisations qui peuvent les aider. Aujourd’hui, nous sommes passés de 40 à 54 maisons médicales. Par ailleurs, il existe des initiatives de projets de maisons médicales privées dont nous ne connaissons pas le nombre. Nous finançons l’articulation sociale et communautaire entre la maison médicale et les activités autres pour améliorer la prévention et la prise en charge d’un public le plus large possible. »

Les maisons médicales sont-elles obligées de s’inscrire dans la démarche ?

« Quand nous donnons des moyens via l’agrément aux maisons médicales, nous veillons évidemment à ce qu’elles entrent dans un projet global. Elles doivent avoir des actions communautaires de quartier. »

La liberté thérapeutique reste-t-elle garantie ?

« Il faut être clair, nous ne voulons pas imposer les modèles. Les patients vont se soigner là où ils veulent et les médecins soignent comme ils le souhaitent. Nous mettons en place les conditions pour que les soignants, s’ils le souhaitent, travaillent plus ensemble. »

Avec une récolte des données ?

« À terme, on veut avoir une base de diagnostic quantitatif et qualitatif par quartier pour tout Bruxelles. Cela permettra aux prochains ministres d’avoir des outils d’analyse qui leur permettront de mettre en place des politiques ciblées. Il y aura une base légale qui devrait être votée avant les élections fin de cette année ou début de l’année prochaine. »

Vous voulez vraiment une approche « santé personnalisée » pour les Bruxellois en difficulté ?

« L’idée est d’aller vers une offre de soins la plus orientée possible sur l’état de la personne et ses besoins. La prévention en santé est le meilleur investissement et les médecins le savent. En outre, les pharmaciens ont bien travaillé pendant le covid. Cette saison, il y aura 200 pharmaciens qui vaccineront pour le covid. On est aussi la seule région où l’on s’appuie sur les pharmaciens pour le dépistage du cancer colorectal. On peut prendre son test à la pharmacie. »

Où en êtes-vous avec Impulséo ?

« Nous avons réformé la prime Impulséo pour permettre le soutien à la pratique de groupe. Nous l’avons même ouverte à des médecins plus âgés. Notre objectif est d’avoir trois ou quatre maisons médicales par an : la première année de la réforme, 3 structures ont été soutenues pour leur installation, 4 l’ont été lors de la deuxième année. »

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Derniers commentaires

  • Jean-Claude HARIGA

    10 octobre 2023

    Les socialistes depuis 100 ans rêvent de voir disparaître le médecin libéral et organiser la santé avec des fonctionnaires.
    Combinée au New Deal le projet de santé intégré garde le même cap et Leburton dans sa tombe tressaille de satisfaction.