Vaccination covid: qu’attend-on des MG dans l’identification des patients à risque ?

Comme on le sait, le Conseil supérieur de la santé a émis une liste scientifiquement étayée d'affections pouvant entraîner un risque accru d'infection par la covid-19 et/ou de complications..Qu’attend-on des MG dans l’identification de ces patients à risque, devant être invités en priorité à se faire inoculer le vaccin Covid? Quelles données pourraient-ils être priés de transmette aux autorités et comment?

L’âge demeure  le plus grand facteur de risque. Dès lors, deux groupes cibles vont être prioritairement conviés à rallier un centre de vaccination proche. Il y a d’une part 2 millions de personnes de 65 ans et plus, et de l’autre, 1,5 million de 18-64 ans jugés à risque.

La sélection des plus de 65 ans se fera sur base des données du registre national ; celle des patients à risque accru selon une double stratégie: «une sélection centralisée, réalisée par les mutualités, et une sélection décentralisée, réalisée par les médecins généralistes sur la base des informations contenues dans le Dossier Médical Global», peut-on lire dans une note «Opérationnalisation de la stratégie de vaccination - phase 1b » émise récemment par le commissariat Corona.

Qu'attend on des généralistes ?

On attend donc des médecins traitants qu’ils passent en revue leur patientèle pour y repérer les patients éligibles, pour que cet ‘inventaire’ soit croisé avec celui des OA et prenne le chemin des pouvoirs publics? «Je ne dispose pas, même si le Collège en réclame depuis longtemps, de réponse ferme à cette question», déplore le Dr Christophe Barbut, président du CMG. «D’après ce que l’on a appris à ce jour, les mutuelles vont constituer des listes, entre autres sur la base de prescriptions répétées laissant penser que le bénéficiaire est atteint d’une des pathologies concernées, et les envoyer aux MG. Si ceux-ci y constatent des oublis, ils pourront les réparer. Ils pourront ‘pousser’ dans le système des patients supplémentaires parce qu’ils auront effectué une recherche dans les données consignées dans leurs dossiers informatisés. Ou parce qu’ils savent que telle personne, bien qu’ils ne lui ont pas ouvert de DMG, est concernée (n’oublions pas qu’il y a une pénétration différente du DMG au nord et au sud du pays...) Ne m’en demandez pas plus, nous n’avons encore pas de détails. Détails qui vont dépendre aussi des développeurs de logiciels.»

Si cette procédure ne fonctionne pas, une solution de repli est évoquée, complète le Dr Barbut: la vaccination par âge décroissant. «Cela aurait été la solution la plus simple, d’ailleurs, s’il y avait eu assez de doses pour tous. On aurait avancé à cadence accélérée, tranche d’âge après tranche d’âge. Le gain temporel entre la vaccination des ‘à risque’ et des ‘pas à risque’ aurait été négligeable. Ici, on complique beaucoup les choses…»

Mais l’input attendu des MG, c’est bien des données purement administratives, à exploiter pour convoquer les gens, d’où ne filtreront pas d’infos sur ce dont ils souffrent? «C’est là tout le problème ! On échange énormément à ce propos, en ce moment, dans la profession. Chez nous, les mails fusent, mais parmi nos interlocuteurs, cet aspect n’a pas l’air d’émouvoir grand monde», indique le président du CMG.

«Le simple concept de ‘liste’ fait résonner de mauvais souvenirs chez certains de nos confrères. Y figurer, de toute façon, c’est déjà être stigmatisé. Il faudrait la garantie que tout ça est sécurisé, que la collecte de données n’a qu’une finalité limitée et qu’elles seront détruites par après. C’est une vieille préoccupation du Collège, je la soulève depuis des mois dans tous les cénacles où je vais. Elle est désormais plus que jamais d’actualité. Elle ‘vit’ sur le terrain. On fait un webinaire d’éthique vendredi prochain. On le sait : la profession va nous interpeller sur le sujet. Nous cherchons les réponses. Ensuite nous nous positionnerons

Le Dr Barbut continue à estimer nécessaire un vrai débat démocratique sur ces questions liées à la protection des données sensibles, qu’on ne peut pas toujours balayer au nom de l’urgence. Mais, d’après lui, peu de parlementaires semblent au fait des enjeux. 

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