Incapacité de travail: des durées standardisées à l’étude pour 8 pathologies

Demandée par Maggie De Block, une étude sur des «fourchettes» de durées d’incapacité de travail conseillées pour 8 pathologies est actuellement en cours.

Le «Collège national de médecine d’assurance sociale en matière d’incapacité de travail», qui a vu le jour fin 2016, a été mandaté par Maggie De Block pour estimer des durées standardisées d’arrêt maladie par (grande) pathologie. «On s’inscrit ici dans une perspective d’optimisation budgétaire», commente son président, Philippe Mairiaux, spécialiste en médecine du travail et professeur à l’ULiège. «Cela fait des années que les autorités cherchent à maîtriser les coûts de l’incapacité primaire et de l’invalidité. Il y a eu des mesures, comme les trajets de réintégration démarrés en janvier 2017. Il était cohérent que la ministre s’intéresse aussi à la prescription d’IT: est-elle 
optimale? D’où notre mission...»

Une commission spécifique du Collège a sélectionné 8 pathologies. Pourquoi celles-là? «Parce qu’elles sont fréquentes et à l’origine d’absences plus ou moins longues: les lombalgies, les problèmes au niveau de la coiffe des rotateurs, le canal carpien, la prothèse de genou - voici donc deux incapacités post-chirurgie -, le cancer du sein, l’infarctus, et - en santé mentale, pas toujours évidentes à cerner comme entités - la dépression légère et le burn-out.»

Pour chacune, la commission a épluché la littérature internationale. «Mais quelle que soit l’entité, il existe finalement peu d’études scientifiques qui établissent combien de jours d’arrêt de travail elles nécessitent. On se situe plus dans du consensus d’experts.» La commission s’appuie également sur des exercices déjà réalisés à l’étranger. «On ne part pas de zéro. La Suède, l’Espagne, l’Irlande et la France, par exemple, ont déjà des recommandations de bonne pratique (RBP) à ce sujet.»

Maggie De Block poursuit peut-être des fins économiques mais «le Collège, lui, se fixe pour but de formuler des recommandations auxquelles les praticiens vont pouvoir adhérer. Sans quoi, elles n’auraient que peu d’impact», insiste le Pr Mairiaux. Dès lors, le Collège va impliquer le terrain, les prescripteurs du quotidien, par le biais d’une enquête Delphi. Elle sera menée auprès des MG et, selon la pathologie considérée, des orthopédistes, cardiologues, oncologues… «Nous allons recueillir leur perception par rapport à une fiche - une par pathologie étudiée - avec une proposition de fourchette de durées standard et une énumération des facteurs qui peuvent justifier des écarts. L’âge, par exemple, joue beaucoup. La nature du travail également (travail de bureau, travail physique avec charges, mouvements répétitifs, etc.), tout comme les comorbidités, qui sont un facteur péjoratif.»

Quel est le calendrier prévu pour l’opération? «Nous sommes en phase préparatoire. Les fiches ont été rédigées sur la base d’interviews préliminaires, nourries de la quintessence des RBP internationales et pré-validées. Leur soumission aux médecins devrait démarrer maximum en décembre.» Avec des résultats encore attendus sous cette législature? «C’est ce que la ministre aimerait. Sans doute serons-nous en mesure de déposer des conclusions intermédiaires. Mais il est certain que toute la mise en œuvre, qui suppose une phase de contacts avec les organisations professionnelles de médecins, va largement déborder sur la prochaine législature.»

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    26 octobre 2018

    Et ces durées seront-elles applicables aux indépendants aussi? Ces durées seront elles imposées à ceux qui se sentent capables de continuer à travailler ou à reprendre le travail avant la fin de la durée minimale?