Guy Delrée (Fag) redoute le glissement vers le tout-à-l’hôpital

Guy Delrée, président du Fag, est monté au créneau dès le début de la «crise PMG». Il faisait partie de la large délégation de MG reçue au cabinet De Block. Pour lui, ce dernier est «tout sauf un cabinet pro-MG». Les quelques pistes avancées fin octobre par sa cellule stratégique lui font douter d’une réelle volonté de soutien à la première ligne. 

Le MG de Marche-en-Famenne évoque une réunion «au climat frustrant» (le fait que la ministre ne s’y soit pas montrée y concourt), s’apparentant davantage à un exercice d’écoute obligé, une consultation «un peu forcée» à visée d’apaisement, sans sincère ouverture sous-jacente. Les déclarations vagues ne l’ont pas convaincu. «Ils parlent de ‘nouveau paysage’, de ‘nouvelles normes de standardisation’, de ‘PMG 2.0’, mais ne répondent pas lorsque nous leur demandons ce que cela signifie…»

«Pourquoi, s’ils souhaitaient revoir la standardisation, ne pas avoir impliqué un outil existant qui fonctionne bien, à savoir le GT garde de la médico-mut, à l’Inami? Pas de réponse. Pourquoi est-ce que ce sont les MG et les PMG qui sont les victimes d'une absence d'articulation entre les première et deuxième lignes de soins alors que l'obstacle tient surtout au fait que les urgences des hôpitaux ont un mode de financement qui, actuellement, rendrait ceux-ci perdants? Pas de réponse. Je leur ai demandé où en était la réforme du financement des urgences et hôpitaux. Pas d'autre réponse que ‘on y travaille’. Quid de l’extension du 1733, corollaire déterminant du déploiement des postes? Le cabinet a-t-il bien pris la main sur ce dossier? Pas de réponse satisfaisante. Quand et à quelles conditions pourra-t-on ré-ouvrir le pipe-line pour les projets de PMG? Pas de réponse…» D’où sa conclusion: seul l’avenir dira si le fameux dégel de 4,95 millions «est de bonne foi ou assorti de conditions qui l'annulent».

«On aurait voulu saper la MG…»

Le président du Fag relate avoir exposé les conséquences, sans doute insoupçonnées du cabinet, du gel des subsides des PMG sur la motivation des chevilles ouvrières des actuels projets, tandis que ceux qui allaient construire le leur partent découragés... Il n’a, dit-il, «ressenti aucune empathie» à ce propos. La désillusion indignée s’exprime désormais ouvertement: «Maggie De Block existe-t-elle vraiment? Qui dirige son cabinet? Elle? Etait-elle généraliste? Je n'ai jamais été réceptif aux théories du grand complot mais on aurait voulu saper la médecine générale qu'on ne s'y serait pas mieux pris, avec, dans le rôle de la ministre, une consoeur pour tenter de nous endormir».

Le Dr Delrée, en apprenant - par la presse - que Maggie De Block allait incessamment inviter les MG à un nouveau groupe de travail pour développer ensemble une vision intégrée des services de garde (lire par ailleurs sur ce site), dément que cette perspective (ou toute proposition concrète) ait été mise sur la table le 29 octobre.

Un des rares points concrets amenés par les collaborateurs de la ministre est, d’après lui, le fait que les PMG devraient être ‘dans’ ou ‘tout contre’ un hôpital. «Certes, nous reconnaissons un avantage à une proximité mais de là à dire qu'il faut que les PMG le soient tous, cela en dit long sur les critères purement économiques qui les préoccupent et sur le mépris des réalités locales. Tous les PMG à l'hôpital, est-ce un coup de sonde? En tout cas, à titre personnel, j’y perçois le signe d’une volonté de considérer que la médecine générale en dehors de l'hôpital n'a plus d'avenir. Le cabinet De Block est tout sauf pro-MG.» 

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