Bruxelles : les patients vont près de 9 fois sur 10 aux urgences sans passer par la case MG 

L’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale (OSS) conclut à une chute des passages aux urgences référés par un médecin ces dernières années. Ce recul est plus marqué parmi les patients plus âgés.  

L’OSS a décrypté l’évolution du recours aux services d’urgence (SU) par les Bruxellois, de 2008 à 2016, en s’appuyant - en dépit de leurs limites - sur les résumés hospitaliers minimums (RHM). Il conclut à une hausse de 14% de fréquentation. Pour s’être concentré sur les patients pédiatriques (sous 15 ans) et gériatriques (au-delà de 65), il a établi que ces groupes représentaient ensemble 2 passages aux urgences sur 5. 

Soit en s’appuyant sur des travaux scientifiques récents soit en se basant sur ses propres résultats, l’OSS avance des constats et explications, touchant sans surprise à l’articulation entre lignes. Citant une étude de 2016, il indique par exemple que la création des 5 postes de garde MG à Bruxelles « n’a eu que peu d’impact sur les recours aux services d’urgence des patients se présentant pour des symptômes non urgents » (en admettant toutefois que 2 de ces postes n’étaient pas encore ouverts au recueil des données RHM qui sous-tendent l’étude). 

Le fait que les PMG ne fassent pas le poids, en termes de notoriété, par rapport aux hôpitaux, revient dans la série de raisons socio-culturelles, géographiques et financières conduisant la population dans les services d’urgences, telles qu’identifiées par la littérature (comme, par exemple, l’indisponibilité du médecin traitant ou le fait de ne pas en avoir). Le contexte bruxellois, avec une offre en  urgence par habitant plus généreuse qu’en Flandre et Wallonie, joue également, indique l’OSS. De même, selon lui, que le changement de financement des services d’urgences intervenu en 2013 (basé principalement sur le nombre de contacts enregistrés) – « un frein potentiel » à la collaboration avec la première ligne. 

L’OSS plaide pour qu’on confère, par des campagnes de sensibilisation du public, plus de visibilité aux alternatives comme les PMG.

Recours spontanés

Autre grand enseignement de l’étude : les patients adressés aux urgences par un médecin sont très minoritaires (1 passage sur 10). Ce qui, indique l’Observatoire, montre combien les services d’urgences font office de première ligne. La part de patients référés a diminué entre 2008 et 2016, de 11 à 8%. Le relèvement du  ticket modérateur pour les personnes se présentant d’initiative aux urgences, apparu en 2007, ne tient pas de l’obligation légale et est peu appliqué. 

Les aînés restent davantage référés que les plus jeunes. Ainsi, en 2016, parmi les 65 ans et plus, 19% des passages aux urgences font suite à un contact avec un médecin, contre 6,5% seulement chez les 15-64 ans et 3,9% chez les moins de 15 ans. Toutefois, la situation évolue aussi chez ces seniors : on descend de 31% d’adressage en 2008 à 19% en 2016. 

Globalement, ce recul peut refléter un changement des mentalités vis-à-vis des soins de santé (société de plus en plus consumériste, urgence ressentie élevée et besoin d’être rassuré immédiatement, dimension ‘haute technologie’ des urgences valorisée et médiatisée…), analyse l’Observatoire. Chez les plus âgés plus particulièrement, « un élément explicatif pourrait être la diminution des visites à domicile des médecins généralistes au fil des années ». 

Cette synthèse constitue un assemblage d’éléments choisis ; bien d’autres constats et précisions sont disponibles en ligne dans la version intégrale du rapport de l’OSS. 

> Découvrir le rapport dans son intégralité

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