Remboursement des soins psychologiques - Les psychologues plutôt mitigés

L'Association des psychologues praticiens d'orientation psychanalytique (APPPsy) a émis plusieurs réserves lundi concernant le remboursement des soins psychologiques, qui devrait entrer en application dans le courant du mois de mars. Sont notamment dénoncés la courte durée du traitement ainsi que le renvoi obligatoire par le médecin généraliste. 

La ministre fédérale de la Santé, Maggie de Block, a annoncé lundi matin l'entrée en vigueur au mois de mars du premier système de remboursement des soins psychologiques en Belgique. 

Qualifiée d' «avancée historique», la mesure doit permettre à quelque 120.000 patients de s'engager dans une thérapie plus facilement, alors que l'argent est souvent un frein pour entreprendre une telle démarche. 

Le projet prévoit un tarif d'un euro par minute pour le remboursement des psychologues cliniciens reconnus. L'honoraire du psychologue s'élèvera donc à 60 euros (pour une consultation de 60 minutes) et 45 euros (pour une séance de 45 minutes). Le patient, lui, ne paiera que 11 euros (ou 4 euros s'il a droit à l'intervention majorée) à condition qu'il soit adressé par un médecin généraliste ou un psychiatre. 

L'APPPsy considère que cette démarche préalable ajoute des barrières inutiles alors que l'aide psychologique fait partie des soins de première ligne. «Il est déjà difficile pour un patient souffrant de troubles psychiques de passer la porte d'un professionnel. Le fait de devoir s'adresser d'abord à son médecin pour pouvoir bénéficier d'un remboursement risque de le freiner totalement dans son élan», relève Alain Rozenberg, vice-président de l'APPPsy . Il dénonce également les transmissions de données qui découlent de cette consultation médicale obligatoire. «Que des données du patient soient échangées sur le plan somatiqu e, passe encore mais il est plus délicat de s'échanger des données de l'ordre de l'intime», épingle-t-il. 

Il émet par ailleurs de vives réserves quant à la durée limitée - de quatre à huit séances - du traitement. Pour illustrer ses propos, il emploie la métaphore du chirurgien: «quand vous ouvrez un corps, il faut avoir la possibilité de le refermer». Or, avec un nombre limité de séances, comment la relation thérapeutique va-t-elle pouvoir évoluer et soigner les troubles pour lesquels le patient demande de l'aide, s'interroge-t-il. «Une fois que la relation thérapeutique est entamée, il faut continuer», souligne-t-il.

Concrètement, les psychologues souhaitant être habilités à pratiquer des traitements remboursés doivent conclure un contrat avec le réseau de soins de santé mentale duquel ils ressortent. D'ici au 1er avril, chaque réseau devrait avoir au moins un contrat avec un psychologue clinicien reconnu de la région.

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