Tout est possible en médecine générale… (Dr Alberto Parada)

Tout est possible en médecine générale…Pour peu que l’on s’en donne les moyens! C’est un véritable plaidoyer pour la médecine rurale, l’éclectisme de la médecine générale, ainsi que son pluralisme que développe le Dr Alberto Parada, installé dans l’une des plus belles régions du pays, à Trois-Ponts et Basse-Bodeux. Curieux de tout, enthousiaste, il avoue 1000 vies, mais surtout une organisation sans faille qui lui permet d’être un ‘touche-à-tout’ de la médecine et de ‘s’éclater’ dans sa profession.

Né à Verviers de parents immigrés espagnols, Alberto Parada a effectué son parcours scolaire à Verviers, d’abord dans une petite école primaire de quartier, ensuite au prestigieux Collège Saint-François-Xavier, sans jamais se poser la question de son avenir, qui devait être médical.

Il s’inscrit donc à l’université de Liège et y manifeste un intérêt particulier pour la chirurgie de transplantation et la microchirurgie, ce qui l’a conduit en fin de parcours à travailler durant plus d’un an dans un laboratoire de chirurgie expérimentale de l’université de Liège où il réalisait des transplantations sur des rats. «Je ne me voyais cependant pas embrasser cette carrière universitaire, ni suivre une filière de recherche ou être affilié à un hôpital. Il me fallait respirer tout en pouvant réaliser des actes techniques, ce que la médecine générale m’offrait.»

Il suit alors le parcours de l’époque d’assistanat en médecine générale qui permettait l’installation (solo) avec des séminaires locorégionaux deux fois par mois à une quinzaine de jeunes médecins sous la houlette d’un maître de stage 1/15. En sortant de l’université, il travaille alors deux fois six mois à la clinique Joseph Wauters de Waremme, L’année suivante, il s’installe (solo) en médecine générale à Basse-Bodeux, une région qu’il connaissait bien pour l’avoir parcourue durant sa jeunesse et où il souhaitait vivre. «Je pensais également que je pourrais y être utile à la population car aucun médecin n’y était installé et que j’allais pouvoir y vivre la médecine que je souhaitais pratiquer.» Les possibilités et la pratique médicale en ruralité lui conviennent et contribuent à son développement et à son émancipation ‘entière’.

Plusieurs cordes à son acte
La chirurgie ne lui suffisait pas, raison pour laquelle il a suivi et obtenu en 1998 le brevet de médecine aiguë (BMA) pour repousser les limites de ses gardes hospitalières à Waremme, à Heusy et à Malmédy, puis à Saint-Vith où il ajoute des gardes SMUR «car l’aigu m’a toujours fort attiré et permet de nombreux actes techniques», toutes activités possibles car il n’était pas marié à l’époque. Il a cependant progressivement réduit la plupart de ses activités car sa vie personnelle «en décide autrement».

Quant à la médecine générale, il l’a exercée comme il la concevait: rurale et la plus large possible, notamment pour ce qui concerne les actes techniques accessibles à la médecine générale (ECG, sutures, plâtres, infiltrations, spirométrie, IoT (nouvelles technologies), dermoscopie, échographie…).

Parallèlement, et très rapidement après son intégration à la commission liégeoise de la SSMG, il s’est investi dans les diverses activités de la SSMG, ainsi que dans les différentes cellules ITIM devenue e-santé, la cellule personnes âgées, etc. Cette implication nationale ne lui faisait pas oublier ses origines verviétoises, ce qui s’est traduit par une implication dans la SMAV (Société de Médecine de l’Arrondissement de Verviers) qui réunit généralistes et spécialistes, puis dans l’AGEF (Association des Généralistes de l’Est Francophone de Belgique) grand cercle de l’Est francophone.

Il a également fondé l’AMGAS (Association des médecins généraliste de l’Ardenne stavelotaine), le rôle de garde de Stavelot, Soumont, Trois-Ponts.

Enfin, il a gardé un pied à l’université de Liège comme maître de stage, collaborateur et clinicien-enseignant au département de médecine générale.

Sur le terrain, il complète son intense activité médicale par l’ONE, la médecine scolaire, MCC en MRS, expertise médicale, médecine du sport, etc., «comme si ça ne lui suffisait pas». Sans omettre ses autres engagements pour la profession qui lui tiennent à cœur! (AGEF, AMEJ, PPLW…)

L’université lui donne le goût de la pédagogie
Alors qu’il suit de multiples formations «parce que je suis curieux, que je voulais mettre plusieurs cordes à mon arc et proposer à mes patients le plus possible des compétences que la médecine générale peut offrir», c’est cependant la pédagogie médicale qui l’attire, au point de suivre une formation spécifique en France (DIU) et de participer à des congrès internationaux de pédagogie. «On ne maîtrise en effet une matière et on ne peut en faire quelque chose que lorsqu’on est capable de l’enseigner», constate-t-il, «de plus, en médecine générale, il est extrêmement important de connaître ses limites et de savoir jusqu’où on peut aller». C’est dans ce cadre qu’il participe au DUMG comme maître de stage (masters,1/1, 1/15…) et s’est impliqué dans l’équipe de la SSMG qui organisait le congrès WONCA-Europe en juin dernier (avec pas moins de 7 modérations et 3 présentations personnelles).

Une population médicale qui change
Alors que les médecins se raréfient (à Trois-Ponts et environs comme ailleurs), il a assisté à un rajeunissement de la population médicale, dont les besoins étaient évidemment différents des médecins plus âgés. C’est dans ce contexte qu’il a créé la Maison de Santé Pluridisciplinaire de Trois-Ponts en 2016, un centre multidisciplinaire qui regroupe médicaux (généraliste et spécialistes) et paramédicaux (infirmière, psychologue, kinésithérapeute, diététicienne, laboratoire). «Mais il est difficile d’amener les spécialistes ici, raison pour laquelle j’aimerais développer la télémédecine pour ce qui est réalisable par ce canal-là.» Comme il est seul pour l’instant à Trois-Ponts, il a quelque peu délaissé son cabinet de Basse-Bodeux, avec le grand regret de ne pas avoir d’assistant pour des raisons ‘géographiques’: «Il n’est pas normal que les déplacements des assistants ne soient pris en charge qu’à raison de 100 euros par mois, ce qui explique peut-être qu’ils soient peu enclins à se déplacer dans des régions relativement éloignées des centres comme la mienne».

Et le futur?
«La médecine générale évolue, en bien à mon sens, mais peut-être pas assez vite, vers une spécialité à part entière, complexe et qualitative. Il nous faut encadrer cette qualité pour éviter qu’elle ne redevienne une ‘spécialité par défaut’. Dans cette optique, il est important de dire à nos assistants d’essayer tout ce qu’ils ont l’envie de voir puis de choisir la modalité et la finalité qui leur convient. Pour atteindre cet objectif d’une spécialité à part entière, j’estime qu’il faut inclure un stage obligatoire pour tous en médecine générale rurale lors du cursus universitaire. Ceci permettrait, outre la naissance de vocations, que les spécialistes connaissent mieux la spécificité et la réalité de la médecine générale sur le terrain. Enfin, j’aimerais que les généralistes ouvrent leur champ de vision à l’organisation de la médecine de demain, en ne se limitant pas à voir des patients… Il me paraît utile que l’on puisse disposer d’un véritable cadastre de tout ce qui peut être fait en médecine générale, et comment...»

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