Parole(s) de généraliste: Carole Teucq

Rendez-vous à Feluy, village de la partie septentrionale du Hainaut, sis entre la Sennette et la Samme, pour y rencontrer le Dr Carole Teucq. Jeune maman, fraîchement émoulue de l’UCL, elle travaille avec 3 jeunes médecins au sein d’une société nommée FeluyMed, où elle exerce une activité de médecine générale qu’elle qualifie de complète et gratifiante.

Originaire de Manage, près de La Louvière, Carole Teucq est fille de médecins et, à ce titre, s’était juré de ne jamais faire la médecine car elle voulait profiter un peu plus de la vie que ce qu’ont pu faire ses parents, en particulier son papa, médecin généraliste également, aujourd’hui décédé. «Mais arrivée en rhétorique, constatant que je souhaitais un métier avec des contacts sociaux tout en étant scientifique sans être cantonnée dans un bureau derrière un ordinateur, j’ai été rattrapée par la médecine… Et je ne le regrette absolument pas aujourd’hui.»

Un parcours classique au départ
Comme de nombreux médecins avant elle (on pense ici à Paul Janssen notamment), elle a choisi de débuter ses études à l’université de Namur («parce qu’on y est intégrés dans la ville et que l’ambiance y est réputée plus familiale»), où elle effectué ses 3 premières années avant de terminer son cursus à Louvain-en-Woluwe (elle a été diplômée en 2017 après avoir réalisé la majorité de ses stages hospitaliers à Jolimont). Elle a ensuite effectué un assistanat en médecine générale dans la région d’Ecaussinnes puis de Feluy, une région proche de ses origines et où elle a finalement pris la décision de s’installer en équipe avec son ancien maître de stage et 3 jeunes médecins.

«Le choix de la médecine générale était évident à mes yeux, car c’est la profession médicale qui touche le plus à tous les domaines de la médecine, celle aussi qui nous enferme le moins dans une catégorie d’âge ou de type de patients. Tous les âges ont leurs attraits, toutes les professions leur intérêt, toutes les couches sociales leur tissu émotionnel… Et comme l’évolution des mentalités et du métier m’a permis de ne plus avoir peur d’être enfermée dans le “sacerdoce” de la médecine comme l’a été mon père, je n’ai pas hésité.» Par ailleurs, être indépendante, sans devoir supporter les obligations hiérarchiques de l’hôpital était un autre impératif à ses yeux, «d’autant que j’ai souvent eu l’impression d’être “exploitée” par l’hôpital durant mes stages. Mais il faut reconnaître cependant que ces stages m’ont permis de rencontrer des spécialistes de grande qualité avec lesquels je continue à travailler aujourd’hui».

La qualité de vie au rendez-vous
«Être indépendante ne signifie pas pour autant que je voulais travailler seule, raison pour laquelle je me suis associée dès que cela a été possible à 3 autres jeunes médecins, avec lesquels j’ai beaucoup de plaisir à travailler, car nous avons tous nos spécifi­cités et pouvons discuter de notre pratique sans pudeur.» Cette nouvelle équipe, jeune et dynamique, a permis de répondre à la demande d’une patientèle toujours croissante, et les locaux sont vite devenus trop étroits, au point qu’elle envisage avec ses partenaires de déménager dans un endroit plus moderne et plus approprié, et d’engager une secrétaire, avec pour objectif d’adjoindre à l’équipe des infirmières, un/une kinésithérapeute, un/une psychologue…

«Ce travail en équipe nous permet une qualité de vie que nous n’aurions pas eue autrement, en particulier pour la jeune maman que je suis, car il faut s’organiser en fonction des horaires de la crèche par exemple. Il m’a aussi permis de m’épanouir dans mon boulot grâce aux contacts que j’ai avec mes collègues et aux possibilités qu’ils m’offrent de m’inscrire dans d’autres formes de la médecine.»

C’est ainsi qu’outre son activité classique de médecine générale, elle travaille aussi au centre de planning familial de sa région, ce qui lui permet de rester en contact avec certains actes techniques de gynécologie: IVG, pose de stérilets, d’implants… Elle participe également aux activités de l’ONE et ne verrait pas d’un mauvais œil la possibilité d’être coordinatrice dans une maison de repos. Elle a également suivi une formation en nutrithérapie qui lui permet d’élargir son horizon thérapeutique et elle prend un plaisir tout particulier à travailler avec les enfants, «car ils ne peuvent pas mentir…» Quant aux adolescents, outres les problèmes de santé mentale inhérents à la pandémie, c’est surtout au moment des vaccinations que le contact s’établit le mieux (méningite, HPV, hépatites…).

Enfin, last but not least, elle est tombée sous le charme de son environnement et de l’ambiance du village de Feluy, qui a en outre l’avantage de ne pas être trop éloigné de son cercle familial et de ses amies. «C’est aussi un village dans lequel il est agréable de se déplacer, même si nous ne faisons plus beaucoup de visites à domicile.»

Journée-type?
Toujours en voie de réorganisation suite à sa maternité récente, la journée-type du Dr Teucq est organisée en fonction des horaires de la crèche. La journée débute cependant dès 8 heures par des consultations jusque 11h00-11h30 environ. Après cela, elle effectue 2-3 visites à domicile avant de rentrer à son domicile puis de reprendre ses consultations vers 14h00 jusque 18h30 tout en répondant par téléphone aux demandes de résultats, avant d’aller rechercher sa fille à la crèche. «Mais ce n’est pas toujours facile à réaliser pour le moment avec l’explosion des demandes de tests Covid et l’étroitesse de nos locaux, qui ne nous permettent pas toujours d’occuper un bureau…»

Les GLEM et dodécagroupes ont très largement facilité les rapports entre généralistes, ce qui a favorisé l’organisation des gardes notamment et des remplacements en cas d’absence de courte ou de longue durée. «Quant aux rapports avec les spécialistes, ils ont été, pour ce qui me concerne, facilités par mes stages à Jolimont, stages qui m’ont permis de les connaître ainsi que leur manière de travailler. Mais il n’est pas toujours facile de les atteindre en cas de besoin, ce qui me fait regretter qu’il n’existe pas de numéro spécifique direct pour nous permettre de les joindre. Je suis persuadée que cela allégerait leur travail plutôt que de l’alourdir, car un conseil par téléphone au généraliste prend évidement moins de temps qu’une consultation.»

Des hobbies qu’elle met un peu de côté
«J’avoue que, depuis mon assistanat, j’ai un peu mis de côté mes hobbies, notamment la danse, que j’aimais beaucoup, parce qu’il n’est pas toujours facile de ressortir après une journée de travail complète et parfois harassante. De plus, le soir, j’avais plus envie de me reposer et de profiter de ma famille. Il est par ailleurs difficile de s’inscrire dans un cours fixe, en raison des gardes, des activités de formation continue et des réunions entre confrères.»

Et un futur de la médecine générale qu’elle souhaite moins administratif
Les aspects administratifs prennent encore beaucoup (trop) de temps en médecine générale, «et il serait bon que nous puissions nous réorganiser, notamment en ayant l’autorisation de déléguer la rédaction de certains formulaires à des assistants administratifs», avoue le Dr Teucq. «À côté de cela, il serait bon de nous aider à la mise sur pied de postes de garde au niveau local dans les plus petites entités et de participer au financement du regroupement des médecins. Enfin, comme je le signalais précédemment, nos rapports avec les hôpitaux pourraient être facilités.»

La fiche
• Naissance à La Louvière en 1992
• Humanités à Mons, diplomée en 2010
• Diplôme de Médecine à l’UCL en 2017
• Assistanat en médecine générale à Ecaussines 2017-2018 (Dr Charles Corbisier) puis à Feluy en 2018-2019 (Dr Luc Dejardin)
• Association avec 3 autres jeunes médecins en 2020
• Formation en nutrithérapie en 2018-2020
• Collaboration avec le Centre de plannig familial de La Louvière depuis 2018
• Médecin ONE à Manage en 2017-2018 et à Seneffe à partir de 2022
• Naissance de sa fille en 2021

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