Les médecins chinois voient en moyenne 200 patients par jour

Si aujourd’hui la Chine fait plutôt l’actualité avec son coronavirus , il y a quelques semaines elle faisait l’actualité au symposium de In4Care avec Pascal Coppens venu présenter son dernier ouvrage “China new normal”. Il a notamment levé un coin du voile sur le formidable potentiel de cet énorme pays et sur la position du corps médical vis-à-vis d’une technologie en pleine explosion.

C’est en 1991 que Pascal Coppens s’est rendu pour la première fois en Chine. Il est rapidement tombé sous le charme de ce pays dont les habitants avides d’une vie nouvelle lui inspiraient aussi un grand respect. Depuis, la Chine ne le lâche plus… au point qu’il s’y est installé et lui a même consacré un livre dont on ne peut que recommander la lecture. Il y aborde notamment le système de soins, qui suscite encore d’après lui bien trop de préjugés.

Le travail à la chaîne alimente la technologie

L’assistance a été ébahie d’apprendre qu’un médecin chinois voit en moyenne 200 patients par jour. Du vrai travail à la chaîne, donc, à raison de 5 minutes par personne au maximum – et même ainsi, les journées sont longues pour le corps médical ! En outre, la confidentialité n’existe pas : la porte, si il y en a une,  reste ouverte tout au long de la consultation et ceux qui attendent leur tour peuvent suivre toute la conversation sans se gêner.

Assez paradoxalement, cette manière de procéder constitue toutefois aussi un terreau propice aux nouvelles technologies qui se développent à un rythme effréné : comme les patients ne se fient pas trop à leurs médecins débordés et pas particulièrement consciencieux selon l’auteur, ils donnent souvent la préférence à un diagnostic posé par une machine.

Une bonne illustration de cette tendance est la compétition organisée 2018 entre 15 éminents médecins chinois et BioMind, une sorte de Dr Watson chinois dont la fonction est de détecter des tumeurs cérébrales. Bilan ? Il a fallu aux médecins une trentaine de minutes pour poser 225 diagnostics avec une précision de 66 %… alors que BioMind s’acquittait de la même tâche en un quart d’heure à peine, et avec une précision de 87 %. Raison de plus, pour les Chinois, de faire confiance aux machines et à l’intelligence artificielle plutôt qu’aux médecins !

Leader mondial grâce à ses pauvres médecins

Pascal Coppens prédit en outre que la Chine va rapidement devenir l’un des leaders mondiaux dans le domaine de l’e-diagnostic et des tests d’ADN, en première instance pour des raisons économiques : “Les médecins chinois gagnent environ 100 fois moins que leurs homologues américains. Or, pour développer leurs technologies et contrôler leurs algorithmes, les entreprises ont besoin de médecins… et ceux-ci sont souvent beaucoup plus enclins à s’y coller après leurs heures en Chine qu’aux États-Unis, où la plupart n’ont pas envie de consacrer un temps précieux à ce genre de tâche. Du coup, les start-ups chinoises se développent à toute vitesse.

Bien sûr, Pascal Coppens a aussi bien des réserves sur la manière dont s’organise la société chinoise, qui est loin d’être toujours couronnée de succès. Des problèmes environnementaux aux défis du vieillissement, l’approche radicale du gouvernement provoque bien des dommages collatéraux… qui ont toutefois cela de bon qu’ils contribuent souvent à accélérer le développement de solutions à long terme. Il suffit pour s’en convaincre de voir comment est gérée l’actuelle crise du coronavirus, avec mise en quarantaine d’une ville qui dépasse la Belgique en nombre d’habitants et la construction d’un hôpital en 10 jours !

En tout état de cause, Pascal Coppens propose dans son livre une analyse passionnante de la société chinoise vue de l’intérieur, de ses soins de santé et de l’évolution de la technologie. Une lecture incontournable disponible en anglais ou en néerlandais (à commander ici).

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