IPA : les infirmièr(e)s à domicile s’inquiètent

Maggie De Block a médiatisé la création d’un cadre juridique pour les « infirmiers de pratique avancée » (IPA), sorte de super-infirmiers combinant clinique et recherche. Qu’attend-on d’eux en 1ère ligne ? Quelles seront leurs relations avec les MG ? Damien Nottebaert, président de la Cifi (la Coupole des infirmiers francophones indépendants) s’interroge lui aussi. Et s’inquiète.

En substance, il estime qu’avant d’en remettre une couche avec une nouveauté dans les « strates » d’infirmiers de cursus et d’émoluments différents, peut-être les autorités auraient-elles dû s’appliquer à résoudre ce qui coince notoirement dans le modèle existant. Il rappelle la complexité du décor qui voit cohabiter des infirmières brevetées (en 3 ans), des infirmières en soins généraux titulaires d’un bachelier (de 4 ans désormais), des infirmières-relais en diabétologie ou soins de plaies (avec nomenclature à part), des infirmières spécialisées en soins palliatifs (pouvant aussi évoluer en ambulatoire), des doctorantes… et maintenant de futures collègues dites de pratique avancée. Il s’interroge sur la place exacte qui sera dévolue à ces « top-infirmières » dans le paysage, s’alarmant à l’idée qu’on leur confie un rôle de pilotage des infirmiers à domicile. « Cela nous ‘dégraderait’ encore plus, nous reléguant davantage à un rôle d’exécutants ».

Or, les infirmiers indépendants n’ont pas besoin qu’on les démotive. Les conditions d’exercice, de rétribution et la concurrence des hôpitaux qui « s’exportent très clairement » y suffisent, d’après le président de la Cifi. « Des conditions dont les MG ne sont pas toujours conscients. » Et d’illustrer avec le 1,67 € tarifié pour une injection. Ou la rétribution unique, sur une journée, pour antibiothérapie par voie intraveineuse dans le cadre d’une HAD « même si l’infirmier de première ligne se rend 2 ou 3 fois au chevet du patient ». Les infirmières à domicile réclament depuis longtemps une adaptation de leur nomenclature et de leurs honoraires, mais manifestement, regrette-t-il, on préfère créer une nouveauté que de reconnaitre leurs compétences et régler les problèmes en souffrance.

Damien Nottebaert nourrit une autre inquiétude : la réaction des médecins face aux IPA. En France, des syndicats y ont vu, non une promesse de complémentarité, mais une nouvelle concurrence pour les praticiens « de ville ». Il ne serait pas étonné que des questionnements analogues surgissent en Belgique.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.