Vaccination COVID-19: retour d'expérience des généralistes francophones

Un mois après le lancement de la campagne de vaccination COVID-19 de 2023-24, le GBO/Cartel a mené une enquête auprès de généralistes francophones pour évaluer les aspects pratiques et organisationnels de cette initiative. Avec la participation de 265 médecins généralistes de Bruxelles et de Wallonie, le sondage révèle plusieurs points critiques.
Communication et Instructions
Une majorité de médecins (60% en Wallonie, 54% à Bruxelles) expriment une insatisfaction quant à la communication des instructions sur la vaccination, pointant un manque de clarté, des informations parcellaires et des directives contradictoires. La promotion des vaccinations en pharmacie dans les médias a également été perçue comme un boycott des cabinets médicaux.
Approvisionnement en vaccins
Les modalités d’approvisionnement ont également été critiquées, avec 63% en Wallonie et 62% à Bruxelles se déclarant insatisfaits, évoquant des difficultés tant pour la commande que pour la réception des vaccins.
Participation des cabinets médicaux
Bien que 77,4% des généralistes aient participé à la campagne, 22,3% ne l’ont pas fait, principalement à cause du manque de temps, de l’absence de matériel adapté pour le stockage des vaccins, ou de la proximité de pharmacies et centres de vaccination. La facilité d'approvisionnement similaire à celle des vaccins pédiatriques encouragerait 53% des généralistes à vacciner davantage et 33% à s'équiper d'un frigo avec une sonde homologuée pour pouvoir stocker les vaccins.
Organisation des vaccinations en cabinet
Un modèle mixte entre consultations habituelles et plages horaires dédiées à la vaccination a été adopté par 41% des cabinets, tandis que 36% ont intégré la vaccination dans leurs consultations classiques.
Approvisionnement et préférences de vaccins
Une grande majorité s’approvisionne via les pharmacies (plus de 92% dans les deux régions) et opte pour des seringues préremplies (66,5%), les commandes de vials étant minoritaires (33,5%) en raison de contraintes de volume et d'équipement.
Collaboration avec les pharmacies

56% des MG estiment que c’est une bonne idée que le droit de vaccination des pharmaciens ait été étendu au vaccin contre la grippe pour faciliter l’accès aux vaccins pour la population (9% estiment que c’est une bonne idée et 47% nuancent leur propos en ajoutant le partage des données comme condition (les vaccins grippe et COVID-19 administrés doivent être visibles immédiatement par tous les prestataires de soins concernés – cf. risque de double vaccination, etc).

Parmi les raisons évoquées le plus fréquemment par les 44% de MG estimant que c’est une mauvaise idée que les pharmaciens aient pu vacciner contre la COVID-19 puis contre la grippe, on retrouve :

    • La vaccination est un acte médical au cœur des compétences des MG. La vaccination saisonnière permet de faire de la prévention auprès de patients ne consultant pas suffisamment ou régulièrement. Détourner ces patients des cabinets de MG est une mauvaise idée en termes de santé publique.

    • Plutôt que de transformer les pharmacies en mini-dispensaires de 1re ligne, il aurait été plus judicieux de mettre en place des solutions pour aider les MG à faire leur métier.

    • Si la vaccination contre la COVID-19 par les pharmaciens pouvait se justifier en plein cœur de la pandémie, cette prolongation et l’extension du droit de vaccination à la grippe ne se justifie pas pour des virus devenus endémiques.

    • Une réorganisation des rôles et missions au sein de la 1re ligne doit être concertée avec tous les acteurs et non mettre les MG devant le fait accompli ! Il faudrait plutôt une délégation claire et sécurisée de certaines tâches techniques, bien séparées des actes intellectuels médicaux, et mettre une distinction claire entre les tâches techniques déléguées et les intérêts commerciaux des officines.

Une très large majorité des MG vaccinateurs estiment que la collaboration avec la/les pharmacie.s où ils s’approvisionnent est plutôt bonne (24%), voire très bonne (60%).

Recommandations
Pour les futures campagnes, une planification concertée entre les différents acteurs de la santé est essentielle. La communication des informations logistiques devrait être anticipée d'au moins un mois avant la campagne. L’idéal serait une disponibilité de vaccins en monodoses conservables en réfrigérateur avec une sonde homologuée et une simplification de la commande des vaccins pour les cabinets de médecine générale.

> Découvrir l'intégralité des résultats du sondage

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