Trois personnes sur dix vivent sous le seuil de risque de pauvreté à Bruxelles

Près de trois personnes sur dix (28%) vivaient sous le seuil de risque de pauvreté en Région bruxelloise l'an dernier, contre 8% en Flandre et 15% en Wallonie. Les inégalités sociales sont particulièrement marquées dans la capitale, et exacerbées par les dépenses liées au logement. Certains doivent ainsi vivre avec 9 euros par jour, ressort-il vendredi du dernier Baromètre social publié par l'Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale.

Selon cette étude, le contexte socioéconomique global à Bruxelles est difficile, faisant suite à la crise énergétique et à celle du Covid. A cela s'ajoutent l'arrivée des réfugiés ukrainiens et la crise de l'accueil.

Plus d'un Bruxellois sur quatre vit en situation de pauvreté, c'est-à-dire avec un revenu de moins de 1.450 euros pour un isolé. Un nombre important de personnes en grande précarité sont en outre absentes des statistiques, relève l'Observatoire. La capitale concentre en effet une grande part des sans-papiers présents en Belgique, soit minimum 50.000 personnes.

La situation sociale se dégrade en Région bruxelloise, à en croire certains indicateurs. Le nombre de bénéficiaires d'un revenu d'intégration sociale est, par exemple, passé de 28.479 personnes en 2013 à 45.135 en 2023, soit +58%, illustrent les auteurs du Baromètre. Le nombre de personnes sans abri a quadruplé depuis 2008. Pas moins de 7.134 personnes ont notamment été dénombrées la nuit du 8 novembre 2022, dont 34% dans l'espace public ou dans des hébergements d'urgence.

A noter également, l'écart entre le revenu imposable moyen des Bruxellois qui tend à s'accroître par rapport aux deux autres Régions et à la moyenne belge. En 2020, il était inférieur de 20% par rapport à la moyenne belge, contre 10% en 2000.

Les inégalités sociales sont également plus marquées dans la capitale: les personnes pauvres y sont plus pauvres et les personnes riches, plus riches, constate l'Observatoire. Les 10% de la population avec les plus bas revenus disposent de moins de 985 euros par mois et par personne, contre moins de 1.250 euros par mois au niveau national. À l'autre extrême, les 10% des plus aisés jouissent d'un revenu supérieur à 4.120 euros par mois et par personne en Région bruxelloise, là où il est de plus de 3.735 euros par mois en Belgique. 

Cette situation est liée en partie au caractère urbain de la Région bruxelloise par rapport aux deux autres, analysent les auteurs du Baromètre, mais pas uniquement car même par rapport aux autres villes du pays, les inégalités sont plus fortes dans la capitale, constatent-ils.

Le poids des dépenses de logement exacerbe encore ces inégalités. Les 10% des Bruxellois avec les plus faibles revenus consacrent ainsi plus de 45% de leurs revenus aux dépenses de logement, contre à peine plus de 10% pour les 10% bénéficiant des revenus les plus élevés. Après paiement des dépenses de logement, les revenus disponibles par personne varient de 9 euros par jour pour les moins nantis à 100 euros par jour pour les plus favorisés, illustre l'Observatoire.

Parmi les 20% des Bruxellois les plus riches, la majorité sont ressortissants d'un pays de l'Union européenne ou sont Belges avec des origines belges. Parmi les 20% avec les plus bas revenus, la plupart sont Belges d'origine non européenne ou de nationalité non européenne. Deux phénomènes dus au statut de la capitale comme porte d'entrée des migrations internationales (institutions internationales, secteur tertiaire et emplois requérant de hautes qualifications...). Le revenu moyen des ressortissants européens est le plus haut et est deux fois plus élevé que celui des Belges d'origine non européenne qui disposent du revenu moyen le plus bas.

Enfin, les familles nombreuses sont particulièrement à risque de pauvreté en Région bruxelloise, mettent en garde les auteurs de l'étude. Plus d'un quart des personnes avec un revenu sous le seuil de risque de pauvreté vivent en effet dans des ménages constitués de cinq personnes ou plus. En outre, six enfants sur dix ouvrent le droit à un supplément social pour les allocations familiales en Région bruxelloise. Ces proportions d'enfants ouvrant le droit à un supplément social atteignent jusqu'à 80% des enfants à Saint-Josse-ten-Noode et 77% à Molenbeek-Saint-Jean.

Pour Alain Maron, le ministre bruxellois de la Santé et de l'Action sociale, "il est indispensable de renforcer l'offre des services d'aide et de soins en région bruxelloise. (...) Et il faut le faire en tenant compte des besoins spécifiques de la population, en se basant sur l'ancrage territorial des services concernés".

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