Infirmiers à domicile et lecture de l’eID: y a-t-il discrimination?

Les infirmières à domicile expriment leur ras-le-bol. Les bugs qui entravent la lecture obligatoire de la carte d’identité électronique du patient en cas de TP électronique les privent du paiement de leurs prestations par les OA. La mutualité chrétienne apporte quelques nuances à la problématique et entrevoit une normalisation. Les avocats mandatés par les associations infirmières invoquent une contradiction du principe de non-discrimination.

Medi-Sphere relayait dernièrement l’irritation des infirmières à domicile. Depuis le 1er octobre, elles doivent pour pratiquer le tiers payant «certifier» à chaque contact l'identité de leur patient en lisant son eID. Mais des difficultés techniques provenant soit des logiciels, soit des mutuelles, sont apparues. Elles sont donc régulièrement privées de rémunération, déplore la Coupole des infirmiers francophones indépendants (la «Cifi», une toute nouvelle asbl faîtière).

La Cifi avait écrit à la ministre fédérale de la Santé pour lui demander de suspendre le mécanisme, le temps qu’il fonctionne réellement (lire par ailleurs sur ce site). «En ce début novembre, les mutuelles ne sont pas opérationnelles et multiplient les rejets de facturations», expliquait Damien Nottebaert, son président. Avec, à la clé, des collègues privés de ressources, obligés de négocier des crédits de caisse, en colère, en burn out, en voie de réorientation professionnelle…

La mutualité chrétienne (MC) apporte son grain de sel au débat. Sans vouloir déconsidérer la portée du problème, elle rappelle que l’obligation de lecture de l’eID est connue depuis 2016. Elle réclamait une adaptation des outils tant des infirmiers que des OA mais une «période de transition très large» avait été prévue. A présent, les mutualités appliquent les règles. Sur le plan technique, la lecture de l’eID est confirmée par un code spécifique. Et s’il fait défaut, elles sont «obligées de refuser la prestation», développe la MC qui rapporte avoir encore récemment reçu de l’Inami une consigne en ce sens.

«Aujourd’hui, 75% de toutes les facturations électroniques des infirmiers mentionnent correctement la lecture de l’eID.» La MC tient à préciser qu’il demeure aux infirmiers indépendants la possibilité, en lieu et place de cette lecture, de renseigner dans leurs transactions électroniques vers les mutuelles les infos reprises sur les vignettes du patient. Auquel cas, et si toutes les autres données de facturation nécessaires sont bien présentes, «leur transaction sera acceptée et rémunérée», affirme la MC. Elle termine sur une note encourageante: «à la lumière des derniers reportings, les choses se sont bien améliorées. Les échanges électroniques avec les infirmiers se sont quasiment normalisés, les soucis de rejet de paiement disparaissent.»

Prestations similaires, contraintes différentes?

Les infirmiers, de leur côté, n’ont pas l’air de désarmer. Il nous revient qu’une demi-douzaine d’associations professionnelles, dont des poids lourds, se sont adjoint les services d’avocats, qui ont interpellé tant Maggie De Block que l’Inami. Les juristes réclament une volée de clarifications (pourquoi les logiciels, pourtant homologués, ne permettent-ils pas aux infirmiers de se conformer à l’obligation de lecture? En cas de non-respect de la part attendue de 90% de lectures de l’eID, des sanctions sont-elles possibles? Pourquoi ce système ne s’applique-t-il pas à tous les infirmiers?...).

Cette dernière interrogation amène les avocats à invoquer une possible violation du principe de non-discrimination. Il semblerait en effet que les infirmiers employés par des hôpitaux et effectuant leurs prestations au domicile des patients dans le cadre du suivi d’une hospitalisation ne soient pas soumis à la même obligation… Les juristes estiment qu’une telle distinction crée une distorsion de la concurrence, au profit des infirmiers attachés à un hôpital, épargnés par une obligation qui est mal perçue par les patients et qui rallonge la durée de chaque prestation.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.

Derniers commentaires

  • Dominique DELUNE

    25 novembre 2017

    La situation est telle que le nombre de suicides augmente dans cette profession et pour causes ! En analysant un échange de courriels émanant de Yip Feuille, membre du groupe « Revendications infirmiers » ainsi que de nombreux témoignages, c’est plus qu’un signal d’alarme. On ne peut qu’être abasourdi, face aux difficultés que vivent ces personnes qui ont choisi cette profession par vocation. Il ne s’agit pas seulement de soins prodigués, mais aussi et surtout de contacts humains. La réalité est qu’au quotidien, c’est un véritable drame qui les touche de plein fouet. La concurrence déloyale Les intervenants des grosses structures telles que Read Here: http://lepeuple.be/les-infirmiers-et-infirmieres-independants-nen-peuvent-plus/86704

  • Dominique DELUNE

    23 novembre 2017

    LE PROBLEME QUE L ON DECRIT DANS LE TEXTE C EST LE DETOURNEMENT DES PATIENTS QUI SONT HOSPITALISES ET QUI RETOURNENT CHEZ EUX AVEC COMME INFIRMIERE NON PAS CELLE HABITUELLE DU DOMICILE MAIS UNE INFIRMIERE DE L HOPITAL QUI CONTINUE LES SOINS A DOMICILE ?
    ELLE DETOURNE INJUSTEMENT NOTRE PATIENTELE.

  • Dominique DELUNE

    23 novembre 2017

    de ma compagne Chefe Infirmière dans la Région de Fleurus qui emploie 12 infirmières et qui est DEGOUTEE de son TRAVAIL A CAUSE DE MAGGIE DE BLOCK : TU SAIS JE NE SUIS TOUJOURS PAS PAYE DE LA TOTALITE DE MON TRAVAIL MOI JE N AI RIEN A ME REPPROCHER TOUT ETAIT CORRECT DANS MES FACTURATIONS JE SAIS QUE JE SUIS DANS LA MERDE CAR JE NE SAIS FAIRE AUCUN PAIEMENT A TEMPS A CAUSE QUE J AI AVANCE L ARGENT POUR PAYER MES INFIRMIERES BIENTOT JE NE POURRAIS MEME PLUS ROULER AVEC MA VOITURE CAR PAS DE SOUS POUR PAYER L ESSENCE EST CE NORMAL ???? MARRE ALORS TOUT CE BLA BLA NE SERVIRA A RIEN ET NE M AIDERA PAS +TOUT LES INTERETS DE RETARD A PAYER