En 2023, la Belgique a enregistré moins de décès que les années précédentes. Il s'agit même d'une sous-estimation par rapport aux prévisions du modèle (Be-Momo) de Sciensano. L’office des statistiques Statbel, en se basant sur une méthode différente, obtient des chiffres un peu différents mais observe lui aussi une baisse du nombre de décès l’an dernier. Les deux institutions parlent de « sous-mortalité ».
Le modèle « Belgian Mortality Monitoring » de Sciensano avait estimé dans ses projections qu’il y aurait 113.106 décès au cours de l'année 2023. Finalement il y a eu 110.334 cas enregistrés, soit 2,5% de moins que les prévisions. Cette sous-mortalité est observée dans la plupart des groupes d'âge, mais elle est plus marquée chez les 65-84 ans. Parmi ces derniers, Sciensano dénombre 1.434 décès de moins (-3,0%) que prévu. Cette sous-mortalité est également plus marquée chez les hommes (-3,0%) que chez les femmes (-1,5%). Sciensano considère qu’il y a sur- ou sous-mortalité quand le nombre de décès enregistrés dépasse les limites supérieure ou inférieure des prévisions du modèle Be-Momo. Ces prévisions sont elles-mêmes calculées sur base des données des cinq années précédentes.
L'office national de statistique Statbel, qui s'appuie sur une méthodologie de calcul différente et sur des chiffres provisoires, indique une baisse réelle de 4,3% des décès entre 2022 et 2023. Les différences méthodologiques entre les deux études peuvent explique la discordance entre les résultats. Pour Statbel, il est plus intéressant de comparer avec une plus large période, en raison des fluctuations que l’on peut enregistrer d’année en année. Par rapport à la moyenne des années 2018, 2019, 2021 et 2022, le recul est de 0,6%. A remarquer que cette moyenne prise comme référence n’inclut pas l’année 2020, explique l’office des statistiques, parce que « la pandémie de coronavirus a eu un effet sur le nombre de décès cette année-là. » Le recul n’est pas équivalent dans les trois régions du pays : il est de -3,3% en Région de Bruxelles-Capitale, -4,2% en Flandre et -4,7% en Wallonie. Par rapport à la moyenne des quatre années de référence, C’est Bruxelles-Capitale qui recule le plus, suivie par la Wallonie (-3,2 et -1,6 respectivement). Calculée de cette manière, la mortalité pour 2023 en Flandre reste pratiquement identique à 2022 (+0,3%). Pour ce qui concerne les groupes d’âge, on constate que le groupe des plus de 85 ans n’a pas suivi la même évolution. Au contraire, le nombre de décès chez eux a augmenté de 2,1% en 2023 par rapport à la moyenne des quatre années de références.
Pour Sciensano, une explication partielle réside dans « l‘effet moisson ». Il s’agit de la baisse des décès généralement enregistrée en après une crise à mortalité élevée, qui a causé la mort prématurée de personnes vulnérables. La pandémie de Covid-19 est en cause : la surmortalité a été exceptionnellement élevée au cours des années 2020, 2021 et 2022. D’autres facteurs de risques ont pu jouer un rôle, notamment les conditions météorologiques. On a bien connu en 2023 deux activations de la phase d’avertissement du plan chaleur mais pendant ces deux périodes la surmortalité est restée faible et n’a guère eu d’impact sur les statistiques de l’ensemble de l’année. L’épidémie de grippe, autre cause de mortalité, a également été moins importante en 2023, indique Sciensano, parce que le plus grand nombre des décès qui lui sont dus sont survenus fin 2022. Les pollutions par l’ozone et par les particules fines n’ont pas non plus atteint des niveaux susceptibles d’avoir un impact important sur la mortalité.
> Consulter le rapport de Sciensano De la sous-mortalité en 2023 (sciensano.be)
> Consulter le rapport de Statbel Décès | Statbel (fgov.be)
