Covid19: pourquoi l’analyse des eaux usées reste secrète en Belgique ?

Alors qu'un peu partout en France et aux Pays-Bas, l'analyse du taux de virus résiduel dans les eaux usées sert aux autorités pour monitorer les variations de la pandémie, parfois quartier par quartier, la Belgique semble négliger cet outil précieux. Pire, les données collectées sur 42 points du territoire deux fois par semaine sont couvertes par le secret par Sciensano. De manière incompréhensible. Parce qu'elles sont alarmantes ? 

A Marseille et à Paris, les autorités ont confirmé avoir constaté des pics plusieurs jours avant les hausses de tests positifs et d'hospitalisations, ce qui peut constituer un précieux indicateur de feed-back pour la politique hospitalière. 

La députée wallonne Diana Nikolic (MR) souhaite que les informations que la Société publique de gestion de l’eau et la start-up E-Biom tirent chaque jour de l’analyse des eaux usées en wallonie soient rendues publiques. « Je regrette que ces informations ne soient pas utilisées pour lutter contre l’épidémie ». 

Des résultats non publiés

La députée de la majorité explique que ces données sont envoyées à trois ministres wallons (Di Rupo, Morreale et Tellier) ainsi qu’à Sciensano, qui ne les publie pas. 

Elle ne dit pas que le ministre du Budget Crucke (MR lui aussi) en dispose également, mais comme il les commente lors d'interviews, on peut supposer que les chiffres sont disponibles pour tout le gouvernement wallon. 

En outre, tous les résultats du prélèvement et de l'analyse de ces eaux usées sont effectuées par des organes publics ou semi-publics, largement financés par l'impôt, ce qui rend légalement obligatoire leur mise à disposition du public. 

Pour Nikolic, « ces données ont un caractère prédictif. En les rendant publiques, cela permettra à des scientifiques de s’en saisir. Dès qu’une résurgence du virus est observée dans une station d’épuration, on pourrait envisager de développer l’analyse des eaux usées à la source, aux collecteurs, par village, par quartier… mais aussi directement dans les établissements scolaires par exemple, pour détecter rapidement des clusters et organiser le testing, les quarantaines et isolements, en amont de la propagation, en conséquence ». Le gain sur les prédictions actuelles serait de l'ordre de six jours. 

Le manque de transaprence de Sciensano

Depuis le début de l'épidémie, de nombreux experts se plaignent de ne pas avoir accès à toutes les données de Sciensano. L'Institut de santé publique collecte en effet d'innombrables données qu'il ne partage qu'avec une petite partie de la communauté scientifique, empêchant certains autres de faire leur travail comme ils le souhaiteraient. 

Le professeur Pierre Schaus, qui avait ouvert le site "Covid Data" avec son collègue Guillaume Derval afin d'analyser la situation et de suivre les tendances, a même décidé de le fermer, fatigué du manque de transparence de Sciensano. 

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