France: l'ex-députée Martine Wonner suspendue un an par l'Ordre des médecins

Martine Wonner, psychiatre et ancienne députée du département français du Bas-Rhin, a été suspendue vendredi pour un an par la chambre disciplinaire du Conseil de l'ordre des médecins du Grand Est, à Nancy, après deux plaintes concernant ses propos controversés sur les masques et les vaccins lors de la pandémie de Covid-19.

"Cette décision est totalement scandaleuse. Je suis extrêmement et profondément inquiète quant à la liberté d'opinion et la liberté d'expression dans notre pays", a-t-elle réagi auprès de l'AFP, faisant part de son intention de faire appel.

"Je savais que ce serait une décision politique. La justice ordinale avait-elle légitimité à me convoquer? Toute la question est là. En tout cas, ça me donne toute l'énergie nécessaire pour continuer à me battre sur le plan politique", a-t-elle ajouté.

L'ancienne députée, élue sous la bannière LREM (La République en Marche, le parti du président Emmanuel Macron) en 2017 avant d'être exclue du groupe parlementaire en 2020, avait été convoquée début novembre par l'instance après deux plaintes déposées en 2021 par l'association "No FakeMed" - qui a pour but "la promotion de la médecine fondée sur les preuves scientifiques" - et par le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom).

"C'est une bonne décision", a réagi le Dr Jean-Christophe Breton, membre du collectif No FakeMed, auprès l'AFP. "C'est la deuxième élue sanctionnée par la chambre disciplinaire, cela confirme qu'une déclaration hors du Parlement engage la responsabilité au niveau déontologique. Mais il y a appel, il faudra donc attendre la nouvelle décision".

En appel, c'est à la chambre disciplinaire nationale qu'il revient de statuer. Elle est présidée par un magistrat professionnel, conseiller d'État, et composée d'assesseurs, des médecins élus au sein de l'ordre.

Lors de l'audience, les plaignants avaient affirmé que Mme Wonner avait fait la promotion d'"informations erronées" et avait diffusé des "protocoles de soins" contre le Covid "sans fondement scientifique", notamment l'ivermectine ou l'hydroxychloroquine, sur son compte Twitter où elle se présente comme psychiatre.

Ils avaient soutenu que l'immunité parlementaire ne s'appliquait pas pour les propos tenus par l'ex-députée en dehors de l'hémicycle car elle "utilisait sa qualité de médecin pour exprimer ses opinions", notamment lorsqu'elle se rendait à des rassemblements dénonçant le port du masque, ou qu'elle soutenait que les tests PCR donnaient de faux résultats.

La défense avait au contraire soutenu que Martine Wonner s'exprimait bien comme députée et non comme médecin car, bien qu'encore inscrite au conseil départemental de l'ordre des médecins du Bas-Rhin, elle n'exerçait plus son activité médicale depuis son élection en 2017.

Le 4 novembre, la chambre disciplinaire de l'ordre des médecins de Bourgogne Franche-Comté avait prononcé une interdiction d'exercice de la médecine de 9 mois ferme contre le radiologue Alain Houpert, sénateur LR (Les Républicains, droite) de Côte-d'Or, pour "fautes déontologiques".

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