Burn-out : «Davantage de femmes et de généralistes, mais aussi de jeunes spécialistes» (Dr Myrjam Cramm)

Le congrès annuel de la Medical Woman's Association Belgium était placé cette année sous le signe du burn-out. L'occasion, pour le Dr Myrjam Cramm (responsable du traitement des demandes entrantes à l’asbl Doctors4Doctors), de présenter des données circonstanciées sur le lien entre sexe et burn-out.

Le Dr Cramm rappelle quelques chiffres bien connus concernant les problèmes d’alcool (surtout chez les spécialistes)  et le suicide (surtout chez les généralistes). S’agissant du burn-out proprement dit, Lode Godderis a pu récolter des données particulièrement interpelantes dans un public d’infirmiers et de médecins travaillant en hôpital général ou psychiatrique (étude réalisée à la KU Leuven en 2012) : 13,5 % des participants étaient en bonne voie de développer un burn-out et 6,6 % continuaient à travailler alors qu’ils en souffraient déjà. Il est intéressant de noter ici que le risque de burn-out semblait plus marqué chez les infirmiers et le burn-out proprement dit chez les médecins.

Pas moins de 50 % des médecins courraient un risque élevé de burn-out à un point ou l’autre de leur carrière et 20 % en seraient effectivement victimes… et, à en croire un TFE réalisé en 2015, les MGFP seraient déjà logés à la même enseigne que leurs ainés, 30 % d’entre eux étant à risque élevé de burn-out tandis que 8 % en présentent déjà des signes concrets. Il est également frappant de constater qu’un tiers ne se font pas aider, ce qui confirme une fois encore ce que l’on savait déjà : les médecins sont des patients difficiles !

Spécificités féminines

D’après le Dr Cramm, la spécificité des femmes médecins est qu’elles sont encore et toujours soumises à davantage d’obligations familiales et ménagères en sus de leur travail et courent donc un risque accru, comme le confirment de nouveaux chiffres de D4D : “En 2017, nous avons reçu au total 88 demandes d’aide en provenance de médecins, avec un rapport hommes/femmes de 18 vs 68 (soit 77 % de femmes). Cette année, le tableau est provisoirement un peu plus ‘équilibré’ avec 30 % d’hommes et 70 % de femmes… et il convient en outre d’interpréter ces chiffres avec prudence, sachant que les hommes ont apparemment un peu plus de mal à sauter le pas de la demande d’aide.

En ce qui concerne le rapport généralistes/spécialistes, les médecins de famille sont sensiblement plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme (47 %) que leurs collègues spécialistes (28 %). Le reste des demandes émane toutefois largement de spécialistes en formation plutôt que de MGFP (ce qui peut indiquer que les jeunes spécialistes sont aujourd’hui soumis à une pression plus grande que leurs homologues généralistes). Le Dr Cramm souligne toutefois qu’il ne s’agit là que d’un tableau partiel où manquent encore les demandes de fin d’année – une période de journées courtes classiquement très chargée et très difficile.

D4D emploie aujourd’hui quatre médecins pour traiter en tout anonymat les appels entrants en provenance tantôt de médecins en demande d’aide, tantôt de leurs collègues ou de leurs proches. Dans le second cas, les responsables de D4D s’efforcent d’entrer en contact avec l’intéressé pour évaluer plus précisément ses besoins et le référer à un intervenant du réseau (médecin, psychiatre ou autre thérapeute ayant suivi une formation spécifique). Bien souvent, c’est un burn-out qui est en cause… mais parfois aussi un problème d’abus de substances, fréquemment à la suite d’un conflit au sein d’une association. Dans la mesure où les médecins tardent souvent à appeler à l’aide, ils arrivent souvent déjà avec des problèmes relativement graves. “C’est pour cette raison que nous essayons de sensibiliser le plus possible les jeunes collègues au besoin de prendre soin d’eux-mêmes à heure et à temps.”

Un dernier point important est que le code de Genève stipule explicitement que les médecins doivent prendre soin non seulement de leurs patients, mais aussi de leur santé et de leur bien-être à eux, souligne le Dr Cramm en guise de conclusion. “Sans cela, ils ne seront pas en mesure de dispenser des soins de qualité, c’est une évidence.”

Congrès du Medical Woman's Belgium le 14/11 au ZNA Middelheim d'Anvers

> Plus d’informations sur www.mwab.be

Lire aussi : 

200.000 euros contre l'épuisement professionnel des médecins

Burn out: quand le suicide menace les médecins en formation

> «Je connais un cas de suicide mais 50% des assistants risquent le burn out, alors...» (Jérôme Lechien)

Burn-out : «Une double insulte au travail de la femme» (Dr Tania Moerenhout)

  • (1) https://doi.org/10.1159/000341993

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.