Orienter davantage les généralistes en formation vers les régions en pénurie ? 

Le ministre Vandenbroucke a récemment annoncé des mesures financières en faveur des généralistes. Parmi ces mesures figure le déblocage de 2,26 millions d’euros pour déployer de jeunes médecins généralistes en formation « dans des zones rurales ou urbaines où le manque de généralistes est significativement élevé. ». 

Le budget débloqué est réparti entre les centres de coordination interuniversitaires en fonction du nombre de généralistes en formation. Ils peuvent l’affecter à des primes d’encouragement et/ou des indemnités de déplacement pour les généralistes en formation dans une zone en pénurie. Ils peuvent aussi attribuer des indemnités supplémentaires aux médecins en formation qui assurent des gardes supplémentaires sur base volontaire dans ces zones. Ils peuvent encore les affecter au soutien des médecins en formation ou de leurs maîtres de stage dans les mêmes zones.

Les centres interuniversitaires doivent définir ce que sont les zones en manque de médecins généralistes et quelles mesures concrètes seront prises. Ils doivent le faire en concertation avec les médecins généralistes en formation. Les généralistes en formation pourront bénéficier de ce soutien à partir de la prochaine année académique. « Il existe encore des freins », dit le ministre, « à l’installation dans des zones qui manquent de médecins généralistes, que ce soit d’un point de vue pratique (trajets plus longs, pas de logement...) ou social (distance par rapport à leur vie sociale habituelle et à leur cercle d’amis). L’objectif est d’utiliser les ressources supplémentaires de manière ciblée pour réduire ces freins. »  Sachant que les généralistes en formation s’installent souvent plus tard dans les communes où ils ont travaillé pendant leur stage, il espère que cela contribuera à une meilleure répartition des généralistes.

« Je suis au courant. L'Arrêté Royal est publié », commente le Dr Dominique Henrion, de l’Observatoire universitaire en médecine rurale de l’Université de Namur. « En francophonie », ajoute-t-il, « c’est le Centre de Coordination Francophone de la Formation en Médecine Générale (CCFFMG) qui est chargé de proposer un dispositif après avoir reçu l'aval des assistants (AMGF). Rien n'est décidé pour le moment. »

C’est ce que confirme le Pr Cassian Minguet (UCLouvain), président du CCFFMG. « Nous venons de recevoir l’information » disait-il il y a quelques jours. « L’argent viendra de l’Inami. C’est une bonne chose, nous n’étions pas demandeurs mais nous accueillons bien évidemment cela avec satisfaction ». L’Organe d’Administration du CCFFMG se réunira le 21 mai et décidera de la manière d’utiliser cette manne. « Soit il optera pour le soutien de ce qui existe déjà, soit il préférera commander une étude destinée à déterminer la meilleure manière d’agir avec cet argent », ajoute Cassian Minguet. Du côté de l’AMGF, c’est le silence radio…

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Derniers commentaires

  • Philippe TASSART

    02 avril 2024

    Heureusement nos forêts ardennaises n'ont rien de commun avec les steppes poutiniennes. C'est vrai qu'il peut paraître scandaleux d'obliger quiconque de travailler dans un environnement qui n'est pas son choix. Mais ce constat ne peut jamais occulter le fait que des gens n'ont pas accès à une médecine décente dans certaines régions et qu'une solution DOIT être trouvée.
    Certaines professions (pharmacie, notaire) ne s'embarrassent pas de tant de scrupules en limitant les installations et donc en "forçant" ceux qui ne trouvent pas leur place à s'éloigner de leur premier choix. Toutes les professions fonctionnent d'ailleurs indirectement de cette manière, naturellement, sans mesure coercitive : voit-on trois bouchers dans un même village ? Mais nos confrères ne réfléchissent pas de cette manière car il y a du travail partout pour eux, surtout à 1/4 ou 1/2 temps.
    Je vois des centaines (milliers) de médecins belges qui s'expatrient en France, dans des régions qui ne sont pas forcément plus belles que les nôtres et dans des conditions plus délétères que chez nous : pourquoi ?
    La solution s'imposera naturellement quand il y aura trop de médecins et pas assez de travail dans les régions prisées du pays. Au train où maintenant notre métier se partage, cette situation pourrait ne pas être si lointaine ...

  • Charles KARIGER

    02 avril 2024

    Rappel historique. Confrontée à la difficulté de procurer des soins aux régions « périphériques », du Tatarstan à Norilsk dans le Grand Nord en passant par la Kamtchatka, l’URSS classait ses jeunes médecins selon leurs résultats d’examens. Les mieux classés pouvaient choisir leur lieu d’exercice, les moins bien classés étaient «désignés volontaires» pour passer cinq ans au milieu d’une steppe iakoute turcophone…
    Curieusement, c’est aussi la pensée du Secrétaire général du Praesidium Suprême du MR…
    Histoire de rassurer les jeunes Consœurs probablement sur leur avenir et leurs possibilités d’y fonder une patientèle et une famille…
    Peut-être devraient-elles aussi faire vœu de chasteté pour obtenir les primes et appâts d'installation.