Garde de semaine: «dans quatre ans, il sera trop tard»

Dans l’interview récemment accordée à Medi-Sphere, Maggie De Block dit vouloir d’abord couvrir toute la Belgique de PMG qui fonctionnent le week-end, avant de considérer leur ouverture les soirs et nuits de semaine. Le délai prévu pour la première étape est de quatre ans. Selon Anne Gillet, dans certains coins de Wallonie, les MG ne tiendront pas la tête hors de l’eau jusque là. La vice-présidente du GBO pointe des travers possibles auxquels les Wallons doivent faire attention.

Pour la syndicaliste, il est difficile d’admettre le scénario en deux temps dépeint par la ministre dans l’interview. «La Wallonie connaît des problèmes bien spécifiques, qui doivent être rencontrés par les pouvoirs publics.» Le récent cadastre des MG wallons a confirmé, si besoin en était, les pénuries effectives ou larvées. Le Conseil fédéral des cercles avait en son temps calculé une récurrence maximum acceptable par mois. Donc une fréquence des gardes au-delà de laquelle on ne pouvait décemment exiger des généralistes qu’ils tiennent le rythme (et continuent leur activité le lendemain), rappelle le Dr Gillet. «Il est possible, en fonction de la densité locale de MG, de prédire à quels endroits ça va craquer. Car les MG ne tiendront pas le coup, il y aura des ‘trous’ dans la garde population. Les autorités se doivent également de tenir compte de la qualité de vie des prestataires. Les postes, à l’origine, ont été créés pour améliorer cette qualité. Si on n’entend pas cette réalité, si on commence à agir pour la garde de semaine dans quatre ans, ce sera trop tard.»

Le GBO avait espéré, à entendre Bert Winnen, le chef de cabinet de Maggie De Block pour les matières Santé, qu’on pourrait avancer de concert sur les deux plans, le déploiement des postes et les solutions en semaine. Malheureusement, force est de constater que «les trois dossiers de garde de semaine – Gamena, le Glamo et Luxembourg/Dinant – ont été ‘gommés’ des projets à concrétiser en 2017», indique la syndicaliste.

Le GBO affirme travailler avec les cercles concernés sur des projets remaniés – mais la vice-présidente préfère ne pas en dire plus à ce stade, histoire de ne pas hypothéquer les contacts qui pourraient permettre de dénouer la situation. «Ce qui est clair, c’est qu’on ne renonce pas. On va continuer à proposer, mais autrement. On aimerait quand même bien voir s’il y a derrière ce choix politique une raison budgétaire ou s’il s’agit d’une question dogmatique, idéologique – voire communautaire.»

Attention à l’équité du financement

Le Dr Gillet fait par ailleurs remarquer que l’audit PMG, «à moyen terme du moins», prône un financement des postes calculé au prorata du nombre de contacts. «Cette méthode met d’office les PMG wallons en mauvaise posture, puisqu’ils ont moins de contacts en couvrant moins de population», prévient-elle. «Cela fait des années qu’au GBO, nous préconisons d’introduire des indices de correction. Il faudrait moduler les subsides en fonction également du nombre d’habitants, de la superficie couverte et des heures d’ouverture. Ce principe de modulation, qui avait été accepté au GT «garde» de la médico-mut, semble avoir été enterré...»

Anne Gillet prédit que les relations entre porteurs de projets PMG pourraient virer à la rivalité. Tant qu’on en était à une phase de déploiement des postes, qu’il y avait davantage d’argent, le problème ne se posait pas. Mais maintenant que le budget est serré, la donne change. «Je revendique une équité, pour qu’on ne soit pas mis en concurrence. Pour qu’on n’en arrive pas à refuser un financement à tel projet pour que l’argent aille à tel autre. C’est pourquoi je demande des critères objectifs, qui garantissent qu’on répartira les moyens de façon équilibrée – comme avec ces indices de correction qu’on avait suggérés.»

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