Dr Paul De Munck : "Comment partager un certain nombre de tâches en bonne intelligence"

Le débat autour de cette nouvelle consultation du bon usage du médicament (BUM) en pharmacie pour les patients qui souffrent de BPCO et de sa rémunération de 25,10 euros n’a pas échappé au Dr Paul De Munck du GBO. Il propose une piste à creuser: « Créer au sein de l’INAMI et/ou du SPF santé publique, une commission mixte d’avis consultatif de concertation entre pharmaciens et médecins » Pour que l’on sorte de la dynamique stérile des polémiques « action/réaction »

 « Je constate que chaque métier de la première ligne est en train de redéfinir son cahier de charge. Les généralistes, les pharmaciens, les kinés, les infirmières, etc….La réflexion est importante pour savoir comment demain on va mieux partager un certain nombre de tâches et de responsabilités en bonne intelligence au niveau de la première ligne. » explique le président du GBO, Dr Paul De Munck.

Plus de concertation 

Mais il manque actuellement un cadre structurel et officiel de concertation ce qui peut amener à une colère ou à des incompréhensions : « Aujourd’hui, il existe des projets pilotes de concertation médico pharmaceutique à l’Inami, des initiatives de concertation loco-régionales parfois très appréciées et l’Asbl "Concertation médico pharmceutique" dans laquelle, je rappelle, siègent les syndicats médicaux (ABSYM et Cartel), les organisations représentatives des pharmaciens, les sociétés scientifiques des pharmaciens et des es médecins… Je rappelle aussi que cette asbl a été créée avec l’ABSYM qui semble parfois l’oublier. Ce cadre de concertation n’est malheureusement pas subventionné par les pouvoirs publics.? Dans ce lieu, nous avons des discussions positives et constructives….»

Paul De Munck va plus loin: « Il s’agit d’une idée à creuser, à discuter avec mes collègues ou avec nos collègues pharmaciens, de créer au sein de l’INAMI et/ou du  SPF santé publique, une commission d’avis consultatif de concertation entre pharmaciens et médecins. Cette instance pourrait ressembler au Conseil supérieur des médecins généralistes et des médecins spécialistes ou au Conseil fédéral de l’Art infirmier. Elle pourrait donner des avis non contraignants aux ministres successifs. »

Le dialogue en priorité

Cet organe permettrait aux pharmaciens et aux médecins de remettre un avis sur un certain nombre de questions. « Cela éviterait que le secteur des pharmaciens ou de médecins agissent en silos auprès d’un ministre plus ou moins accueillant suivant  que l’on sorte de la dynamique stérile des polémiques « action/réaction »ses sensibilités. »  Pour lui, c’est essentiel : « Je veux que l’on sorte de ce débat entre prestataires de soins par le haut et. Nous devons quitter la logique de concurrence pour une logique de complémentarité. J’ai conscience que je ne fais pas que des heureux quand je tiens ce discours mais nous devons préparer l’avenir des plus jeunes générations.. La priorité reste de mettre la qualité des soins offerts au patient et cela passe par une saine et efficace collaboration entre médecins et pharmaciens . »

Garder le rôle premier des médecins

Evidemment, pour les médecins, il y a un préambule à tout cela : « Si le pharmacien donne par exemple des conseils à un patient sans une bonne concertation avec le médecin (voire  même divergeant avec celui du médecin), c’est un problème. Il faut donc un dispositif, une plateforme de dialogue entre les médecins et les pharmaciens. » 

Il balaie aussi l’excuse de la pénurie de médecins utilisée par ceux qui ouvrent les portes aux pharmaciens actuellement :  « C’est un mauvais remède à un vrai problème. On devrait créer des référentiels métier au sein de la première ligne qui obligera les prestataires à se concerter . Par ailleurs, la PPLW pourrait aussi être un cénacle pour discuter de ces choses-là…. la réforme de la première ligne en Wallonie est en chantier et devrait faciliter ce dialogue. »

Sur le terrain, certains médecins sont fâchés à juste titre et ils ont l’impression que les syndicats médicaux ne les soutiennent pas assez: « J’en ai conscience mais ils ne connaissent pas toujours les tenants et les aboutissants de certaines décisions. pour ce qui est du montant d’une séance de BUM BPCO en pharmacie, il ne nous revint pas de dire que c’est trop ou trop peu mais d’obtenir que nos propres consultations longues et/ou complexes soient mieux honorées, . … »

Enfin, Paul De Munck le rappelle, il faut que « les médecins aient impérativement accès à l’information de ce que fait le pharmacien avec le patient. Ce n’est pas toujours le cas pour la vaccination ou la revue de médication, par exemple. C’est dans l’intérêt du patient qu’il y ait un meilleur partage de l’information entre le médecin et le pharmacien. Toujours en accord avec le patient évidemment. »

Il ajoute enfin que « partout où médecins et pharmaciens se parlent déjà sur le terrain dans leur pratique quotidienne, tout cela se passe évidemment mieux et en bonne intelligence. »

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