Règles européennes: la Belgique "incapable de financer ses écoles et ses hôpitaux"

A trois semaines du vote final sur la nouvelle discipline budgétaire européenne, la Confédération européenne des syndicats (CES) alerte sur l'impact "ravageur" sur la Belgique et ses besoins en investissements verts et sociaux, indique Le Soir lundi.

Les nouvelles règles budgétaires de l'Union doivent être votées le 22 avril. Pour la CES, il s'agira d'un nouveau "corset" qui imposera aux Etats membres de contrôler à nouveau - le mécanisme était en pause depuis 2020 et la pandémie de covid - leur déficit et leur dette.

La nouvelle mouture budgétaire handicapera très fortement la Belgique, l'un des Etats les plus endettés du Vieux Continent, prévient l'organisation: "Il faudrait que la Belgique investisse chaque année au minimum 2,6 milliards et au maximum 7,5 milliards d'euros dans ses infrastructures sociales pour rencontrer les besoins de sa population. Alors que l'austérité lui imposera plutôt de couper 2,5 milliards d'euros par an dans son budget". 

Les résultats de l’étude du CES montrent combien les règles budgétaires telles que proposées seraient contre-productives par rapport aux objectifs sociaux et climatiques de l’UE alors même que la propre enquête de la Commission indique que ce sont là des priorités pour les citoyens.

L'étude commandée par la CES à la News Economics Foundation (NEF) conclut que 18 pays , dont la Belgique, n'auront plus la marge de manoeuvre suffisante pour combler le déficit d'investissement actuellement mesuré dans leurs hôpitaux.

Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a affirmé à Belga que l'investissement dans les soins de santé et la politique sociale - les investissements sociaux - ne devait pas être victime d'une politique budgétaire unilatérale. "Bien au contraire: une combinaison judicieuse d'investissements sociaux et de réformes sociales garantira une plus grande croissance économique, une plus grande compétitivité et, par conséquent, une meilleure viabilité des finances publiques", a réagi M. Vandenbroucke. "Nous avons fait passer ce message haut et fort lors du débat européen de ces dernières semaines, et nous souhaitons que ce message soit porté à l a fin de notre présidence européenne."

La nouvelle discipline budgétaire européenne n'affectera pas seulement la Belgique, selon la confédération. "En tenant compte des besoins en investissement vert, à peine trois États (le Danemark, la Suède et l'Irlande, NDLR) auront encore la capacité budgétaire d'atteindre les objectifs d'investissement de l'UE", est-il précisé dans un communiqué de la CES. "Même si la facilité pour la reprise et la résilience (FRR) de l'UE était prolongée, seuls cinq pays (avec la Croatie et la Lituanie, NDLR) seraient en mesure d'atteindre leurs objectifs."

Selon la secrétaire générale de l'organisation, Esther Lynch, "les règles proposées reviendraient à enfermer les États membres dans un carcan", les empêchant de faire les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs sociaux et climatiques de l'UE. "Adopter les règles budgétaires proposées se traduirait par moins d'hôpitaux, moins d'écoles et moins de logements sociaux abordables, alors que la pression dans ces trois domaines ne fait que croître"

> Découvrir l'étude

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.