Parole(s) de généraliste: Céline Görtz

Petite-fille d’un gynécologue-sexologue carolorégien réputé, le Dr Céline Görtz travaille en duo à Lillois-Witterzée, section de la commune de Braine-l’Alleud, dans ce qui était le cabinet de médecine générale de son maître de stage. Fortement impliquée dans la santé de la femme, elle collabore aussi à deux centres de planning familial, l’un à Nivelles, l’autre à Tubize, et définit le médecin généraliste comme «le couteau suisse» de la médecine car il peut tout faire, à condition de connaître ses limites…

Originaire de Nivelles, où elle a effectué ses études primaires et secondaires, le Dr Céline Görtz a suivi un cursus de médecine classique pour ceux qui sont originaires de sa région en effectuant d’abord son bachelier à la Faculté de Médecine de Namur, «parce qu’il s’agissait d’une petite faculté installée dans une ville plutôt que dans un campus, et avec une réputation d’encadrement plus établie», avant de suivre ses années de doctorat à l’UCL.

«Je ne me suis jamais posé la question de savoir ce que j’allais faire, avoue-t-elle, car la médecine a toujours été une évidence, probablement parce que j’ai toujours aimé associer le scientifique à l’humain.» Ensuite, lorsqu’il a fallu choisir une spécialité, elle a quelque peu hésité entre la médecine générale et la gynécologie, son autre coup de cœur. «Dans l’une comme dans l’autre de ces spécialités, on connaît ses patients, on les voit évoluer, grandir et traverser les différentes étapes de leur vie.» Les stages en gynécologie lui ont ensuite permis de constater que le milieu chirurgical ne lui convenait pas, tandis que l’obstétrique ne laissait que peu de champ à sa réalisation personnelle. «Comme je voulais pouvoir concilier Céline “médecin” et Céline “vie privée”, j’ai tout naturellement opté pour la médecine générale, qui me permettait en outre d’intégrer la gynécologie dans mon quotidien.»

Un assistanat qui oriente définitivement
Alors qu’elle effectuait un assistanat en médecine générale chez le Dr Gabriel à Tubize dans un premier temps, puis chez les Dr De Clercq et De Schrevel, mari et femme qui travaillaient en commun à Lillois, elle a pu travailler en tant qu’assistante au centre de planning familial de Braine-l’Alleud et de Tubize. «Ensuite, comme le Dr De Clercq arrêtait son activité de médecine générale, j’ai tout naturellement continué avec sa patientèle ainsi que celle de son épouse en compagnie du Dr Gabriel Ferrand.» Cette décision était à ses yeux d’autant plus naturelle qu’originaire de Nivelles, elle ne souhaitait pas s’en éloigner et parce que l’activité du Dr De Schrevel était fort orientée sur la gynécologie. C’est avec beaucoup d’intérêt qu’elle a effectué cet assistanat, regrettant presque ne pas avoir pu bénéficier d’une 3e année, notamment pour s’imprégner de la philosophie et de la sagesse de ces médecins plus âgés, avec des types de pratique différents, mais aussi parce que la supervision des activités de débutant(e) permet de grandir rapidement dans le métier. «La transmission de savoir est éminemment formatrice, mais elle autorise aussi à poser et à se poser des questions sur les différences majeures entre théorie et pratique. Il m’arrive d’ailleurs encore souvent, lorsque je ne parviens pas à m’en sortir avec un cas particulier, de téléphoner à l’un ou l’autre de mes maîtres de stage pour avoir un avis ou une ébauche de solution.»

La médecine générale n’est cependant pas son unique activité, car elle travaille également au centre de planning familial de Nivelles, qu’elle décrit comme un centre classique, avec cependant un petit plus depuis l’acquisition récente d’un échographe, «ce qui nous permettra de suivre des grossesses, de poser des stérilets…» L’autre centre de planning où elle travaille, à Tubize, est un peu plus élaboré, avec notamment dans ses activités la pratique des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Ces deux activités, la médecine générale et les centres de planning, lui offrent des patientèles différentes, «avec des patientes relativement jeunes dans les plannings, et un peu plus âgées et des deux sexes en médecine générale».

De l’IVG à la contraception en passant par les conseils en IST
De manière générale, les questions auxquelles elle est le plus souvent appelée à répondre au centre de planning de Nivelles concernent les infections sexuellement transmessibles (IST) ainsi que la contraception, qu’il s’agisse d’une première contraception ou de l’adaptation d’une contraception à une problématique particulière. «Je reçois aussi de plus en plus de questions sur les hormones, avoue-t-elle, sur leurs effets secondaires et leurs risques à court et à long terme, ainsi que sur la contraception dite naturelle. L’efficacité, le risque d’une baisse de libido, la régularité du cycle, l’acné, le spotting, les céphalées, les troubles de l’humeur… sont les questions les plus fréquentes que posent par ailleurs les utilisatrices. Quant à Tubize, la structure du centre est telle que les demandes d’IVG concernent une grande partie de mon activité. Je place par ailleurs fréquemment des stérilets, car de plus en plus de patientes demandent une contraception non hormonale. Cela dit, je leur rappelle toujours les avantages et les inconvénients de toutes les contraceptions, en signalant aussi qu’il ne faut pas dramatiser les effets des hormones et se rappeler que la pilule a apporté une réelle liberté à la femme. Je rappelle également que le consentement est un élément essentiel dans la relation sexuelle et dis volontiers qu’un non est un non, un oui un oui, et qu’entre les deux, c’est un non!»

Les consultations tournant autour de l’IVG sont des consultations que le Dr Görtz apprécie beaucoup, d’abord parce qu’il faut analyser ce qu’il y a derrière la demande, mais aussi parce qu’elles débouchent très rapidement sur une information sur la contraception après avoir détecté ce qui n’a pas fonctionné et a conduit à la grossesse non désirée. «Pratiquement, nous démarrons une contraception dès l’avortement et revoyons la patiente 3-4 semaines après pour discuter des bénéfices et des inconvénients éventuels de la contraception proposée.»

Dans un centre comme dans l’autre, les patientes viennent le plus souvent spontanément, soit après s’être inscrites sur le site internet ou parce que la maman est déjà suivie au centre, soit après avoir été sensibilisées par les assistantes et les infirmières sociales qui font le tour des écoles de la région.

Des interactions positives entre médecine générale et médecine de planning
«La médecine générale me permet, dans mes activités au planning, d’intégrer une vision globale de la situation avec les maladies concomitantes, les comorbidités et les antécédents médicaux et chirurgicaux, tandis que le planning m’a conduite à introduire une vision sociale dans mon approche médicale. Il m’a permis aussi de me rendre compte de l’importance de parler à mes patient(e)s de la contraception masculine (voir encadré) et de pouvoir communiquer, même si c’est plus rare, avec des juristes.»

Quoi qu’il en soit et quelles que soient les questions abordées, le Dr Görtz a pu constater l’importance qu’accordent les patient(e)s dans leur vie à leur médecin de famille.

Qu’attendez-vous de plus aujourd’hui de la médecine générale?
«J’adore ce que je fais parce que ma pratique est diversi­fiée et comprend autant des actes intellectuels que techni­ques. Nous sommes des couteaux suisses, et cela me plaît particulièrement. Cela dit, j’attends avec impatience de pouvoir m’inscrire à la session de formation en échographie de la SSMG. À côté de cela, je pense que la médecine générale doit s’intéresser aux nouvelles technologies et aux appareils connectés (tensiomètres, etc.). Parallèlement, je pense que les associations de médecins constituent un plus, d’abord parce qu’elles permettent de libérer du temps, pour nous et pour nos patient(e)s, ensuite parce qu’elles nous permettent de communiquer entre confrères, enfin parce que cela facilite la gestion des agendas.»

Parallèlement, elle avoue que les urgences sont rapidement prises en charge par les hôpitaux de la région, qui sont généralement à moins de 10 minutes en voiture du domicile de ses patients. Dans ce contexte, même elle libère tous les jours des plages horaires pour les urgences et reconnaît ne pas être submergée par celles ci.

Et la vie privée dans tout cela?
Le Dr Görtz a pour hobby l’improvisation, qu’elle pratique régulièrement dans deux équipes proches de chez elle, et le spinning, une activité de cardio-training associant musique rythmée et vélo fixe ergométrique, un outil redoutablement efficace à ses yeux pour garder la forme et se défouler tout en se divertissant. Lorsque c’est possible et qu’elle dispose d’une grande plage horaire devant elle, elle pratique aussi du vélo de route.

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