Vers des mesures fermes, pour sauver les soins de santé

Il y aura bien vendredi, lors du Comité de concertation consacré à la pandémie, décision d'un durcissement des mesures. Tout le monde s'y attend, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke aussi. "Il est inévitable, selon moi, que l'on durcisse les mesures", a-t-il indiqué jeudi soir sur le plateau de "Jeudi en prime" (RTBF).

"Il y a deux débats: durcir les mesures et garantir qu'elles soient appliquées; et réfléchir à ce qu'on va faire sur le plus long terme", résume-t-il. Comme lui-même et le Premier ministre Alexander De Croo l'ont martelé ces derniers jours, il s'agira dans tous les cas d'un effort de longue haleine. "Quand on regarde les prévisions des épidémiologistes, ils disent qu'avec le type de mesures que l'on prend, il faut au moins huit semaines" pour qu'elles fassent effet.

La capacité des hôpitaux est au centre des inquiétudes, vu l'augmentation du nombre de personnes malades nécessitant une prise en charge en clinique. Au niveau fédéral, le "comité de Hospital & transport surge capacity" a demandé à tous les hôpitaux de passer pour lundi en "phase 2B" du plan de répartition des patients, confirme jeudi le cabinet Vandenbroucke. C'est la phase la plus élevée prévue. Cela veut dire que 60% des lits de soins intensifs, soit 1.200 lits, doivent être réservés aux patients souffrant de la Covid-19. C'est déjà le cas sous la phase "2A". Il faudra aussi consacrer 25% de lits supplémentaires aux soins intensifs (lits "extra-intensifs"), ainsi qu'augmenter la part, dans l'hôpital, des lits réservés aux patients Covid en non-intensif.

"On réfléchit avec les hôpitaux" sur les problèmes de capacité, assure le ministre de la Santé publique au micro de la RTBF. Selon lui, une des clés sera de créer des structures intermédiaires, par exemple des lits "entre" les soins intensifs et les soins banalisés.

Interrogé dans l'émission "Terzake" (Canvas) au sujet du Comité de concertation de vendredi, le commissaire Covid-19 du gouvernement Pedro Facon a estimé que "les responsables politiques ne doivent pas hésiter à prendre des mesures fermes". Il faut agir pour limiter les contacts sociaux, il y a urgence, explique-t-il. Il s'agira aussi de "ne pas assouplir trop vite".

"C'est ce qu'attendent les soins de santé", indique-t-il, tout en soulignant le besoin criant de nouveaux moyens dans ce secteur.

Mercredi, le ministre de la Santé a annoncé une série de soutiens envers les médecins généralistes (20 euros par DMG géré) et spécialistes (budget de 400 millions pour ceux n'ayant pas pu facturer d'honoraires), ainsi que la formalisation du budget supplémentaire de 2 milliards d'euros pour les hôpitaux. Des annonces accueillies positivement jeudi par l'Absym, l'Association Belge des Syndicats Médicaux, qui demandent cependant que les autorités aillent plus loin. Une mesure attendue par exemple par le président Luc Devos est une meilleure prise en charge de l'éducation et de l'information très pratico-pratique envers le citoyen contaminé. "Expliquer l'hygièn e, expliquer ce que l'on doit faire quand on est positif, comment être en quarantaine, etc., on devrait pouvoir décharger les médecins généralistes de ça. Pour le moment, ils sont inondés d'appels car le tracing n'appelle le citoyen positif qu'avec plusieurs jours de retard".

"Notre appel à mettre en place une large campagne d'information destinée au grand public qui en plus des règles générales de distanciation sociale, de se laver les mains, de porter le masque, de rester à domicile en cas de maladie, appelle à respecter les règles concernant les tests, les attestations et les certificats de quarantaine n'a malheureusement pas encore été entendu", communique l'Absym jeudi.

Lire aussi : Hôpitaux, médecine générale, santé mentale: de l’oxygène financier à l’horizon (Frank Vandenbroucke)

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