Un nouveau pas dans la compréhension de l'immunosuppression liée au cancer

Le laboratoire de la professeur Sophie Lucas, à l'Institut de Duve (UCL), a fait un nouveau pas en avant dans la compréhension du fonctionnement d'un assemblage de protéines dont l'action inhibe, chez les personnes atteintes d'un cancer, la réponse immunitaire face aux tumeurs.

Les chercheurs du laboratoire, dont Stéphanie Liénart qui vient de terminer sa thèse de doctorat, sont parvenus à visualiser en 3D l'assemblage de la protéine-messager TGF-beta, qui transmet des signaux inhibiteurs aux cellules censées lutter contre le cancer, et de la protéine "GARP", qui transporte TGF-beta, à la surface de lymphocytes Treg. Ces lymphocytes sont présents, et utiles, chez chacun d'entre nous, mais ont un comportement indésirable chez la plupart des patients atteints de cancer.

La visualisation 3D de cet assemblage à l'action néfaste s'est faite grâce à une collaboration avec le Centre VIB-UGent de recherche sur l'Inflammation et un financement de WELBIO (institut interuniversitaire wallon de recherche). La firme biotech argenx collabore quant à elle depuis plusieurs années avec Sophie Lucas dans ce domaine de recherche. 

Argenx et l'équipe de chercheurs menée par Sophie Lucas avaient d'ailleurs déjà découvert que des anticorps spécifiques permettent de bloquer le mécanisme d'inhibition de la réponse immunitaire dont les lymphocytes Treg sont à l'origine, qui empêche le corps de lutter efficacement contre les cellules cancéreuses. Les chercheurs ne savaient en revanche pas encore comment l'anticorps identifié fonctionnait précisément, ce qui est chose faite maintenant que la structure 3D de l'assemblage a pu être établie. «Nous avons découvert que la molécule GARP ressemble à un fer à cheval chevauché par le TGF-beta. (...) L'anticorps adhère &ag rave; GARP et au TGF-beta, et forme une glue qui les maintient ensemble, de telle sorte que lorsque d'autres molécules tirent sur une partie de la structure, la partie active du TGF-beta n'est pas libérée, ce qui l'empêche de transmettre son message inhibiteur», indique le professeur Savvas Savvides (VIB-UGent). 

«Cela nous permet de voir concrètement que c'est faisable, de bloquer l'activité du TGF-beta émanant des Treg», ajoute Sophie Lucas. Dans le futur, on peut imaginer l'usage des anticorps développés avec argenx dans le cadre d'une immunothérapie, ajoute-t-elle. Ces anticorps ont d'ailleurs fait l'objet, récemment, d'une prise de licence par la société pharmaceutique AbbVie (ex-Abbott). 

Au niveau de la recherche fondamentale, cette découverte ouvre une nouvelle porte vers la compréhension du fonctionnement des molécules GARP et TGF-beta dans d'autres cadres, note la chercheuse. 

La découverte, au sujet de laquelle l'UCL communique jeudi, fait l'objet d'un article le même jour dans la revue Science, avec pour auteurs principaux Stéphanie Liénart et Romain Merceron (VIB-UGent).

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