La société Sirius Insight , bureau de consultance belge, vient de mener une étude et de réaliser une cartographie qui redéfinit les zones de pénurie de généralistes en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie. Cette nouvelle approche met en avant l’âge de la population comme facteur déterminant dans l’analyse de la pénurie. Des résultats publiés en exclusivité par Medi-Sphère.

Régulièrement, les syndicats médicaux et de nombreux médecins reprochent au ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, et à l’Inami de ne pas disposer d’un cadastre réellement à jour du nombre de praticiens actifs au chevet des patients. La société Sirius Insight, bureau de consultance belge spécialisée en géomarketing, a mené une étude et réalisé une cartographie qui apportent un éclairage inédit sur la pénurie, en redéfinissant les zones concernées en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie.

« Dans un premier temps, nous avons cherché les différentes sources accessibles aujourd’hui en la matière. Nous nous sommes notamment basés sur les chiffres de l’Inami. Nous sommes conscients qu’il existe un biais dans cette récolte de données, au niveau du nombre exact de médecins encore en activité sur cette liste : certains médecins sont, en effet, à la retraite tout en gardant quand même un numéro Inami. Par la suite, nous avons utilisé d’autres sources pour compléter notre analyse de données », explique Karolien Sottiaux, COO de Sirius Insight.

L’originalité de la démarche
Aujourd’hui, l’Agence pour une Vie de Qualité (AVIQ) considère qu’une commune est en pénurie si elle compte soit moins de 90 généralistes pour 100 000 habitants, soit moins de 125 habitants au km² et moins de 120 généralistes pour 100 000 habitants, soit moins de 75 habitants au km² et moins de 180 généralistes pour 100 000 habitants.
Une pénurie sévère est déclarée lorsque la commune compte moins de 50 médecins généralistes pour 100 000 habitants, ou moins de 125 habitants au km² et moins de 90 généralistes pour 100 000 habitants, ou moins de 75 habitants au km² et moins de 120 généralistes pour 100 000 habitants.
Selon Sirius Insight, ces critères méritent une analyse plus fouillée, en tenant compte d’autres facteurs liés aux soins de santé.

La densité de population
La densité de population reste un axe majeur de la réflexion. Les zones rurales, moins denses, posent un défi particulier, tant pour les patients que pour les médecins lors des visites à domicile. « Le temps “perdu” par les médecins en trajets entre chaque patient sur une journée explique notamment l’importance de cette problématique. La demande en médecins généralistes est donc supérieure dans les zones rurales pour une même offre de soins qu’en ville », relève l’étude.

L’âge de la population
Autre facteur déterminant : l’âge des habitants. « La question est, en effet, loin d’être anodine. Nous avons voulu aller plus loin et nous concentrer sur l’âge des patients parce que, paradoxalement, si on se concentre seulement sur les statistiques province par province avec le pourcentage de médecins par rapport au total des habitants, les pénuries ne sont pas aussi marquantes qu’on pourrait le croire à Bruxelles, à Liège et dans la province de Namur », explique Karolien Sottiaux.
L’étude s’est donc focalisée sur la population âgée de 60 ans et plus, qui nécessite davantage de soins et de suivi. « Dans plusieurs communes wallonnes ( voir tableau ) plus de 20 % de la population qui vit dans ces zones est âgée de 60 ans et plus, alors que la statistique est de 15 % à Bruxelles. Si on tient compte de la superficie, du nombre d’habitants par médecin, et en plus de l’âge des personnes de plus de 60 ans… là, les zones de pénurie sont plus marquées dans le sud de la Belgique. Même chose pour le nord de la Flandre. Le temps de trajet peut évidemment aggraver la pénurie dans le sud du pays. »

Selon Sirius Insight, intégrer la variable de l’âge permet d’apporter un élément supplémentaire à la réflexion, afin d’améliorer la prise en charge de la problématique de manière plus globale.

TOP 10 DES COMMUNES EN PENURIE