Les pharmaciens recevront 3,3 millions d’euros pour délivrer les antibiotiques à l’unité

À partir du 1er janvier 2026, les pharmaciens ne délivreront plus les antibiotiques en boîtes standard, mais exactement le nombre de comprimés ou de gélules prescrits par le médecin. Une enveloppe de 3,3 millions d’euros est prévue pour rémunérer ce travail supplémentaire, financée par les économies réalisées sur les antibiotiques eux-mêmes. 

Cette mesure figure dans la note budgétaire 2026 des soins de santé, approuvée le 20 octobre par le Conseil général de l’INAMI. Elle s’inscrit dans le cadre du plan fédéral de lutte contre la résistance antimicrobienne et vise à réduire le gaspillage et l’automédication en délivrant uniquement la quantité strictement nécessaire de médicaments.

Selon le document budgétaire, « pour tous les antibiotiques, un honoraire par traitement d’un mois ou moins est prévu (quelle que soit la durée du traitement), en lieu et place de l’honoraire de base par emballage. Cet honoraire finance la prestation pharmaceutique et correspond au montant actuellement octroyé par emballage (5,20 euros hors TVA). »

La rémunération ne s’appliquera toutefois que lorsque les conditionnements existants ne permettent pas de délivrer la quantité exacte prescrite — soit environ 25 % des délivrances, selon les estimations. Dans ces cas, les pharmaciens percevront un supplément pour le comptage, le reconditionnement et l’étiquetage, en plus de la tarification standard à l’unité.

Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a précisé à la Chambre que « les arrêtés royaux nécessaires à la délivrance de médicaments à l’unité sont actuellement en préparation ». L’entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2026 nécessite encore ces textes d’exécution, dont la rédaction est en cours.

L’honoraire supplémentaire, dit « par traitement », sera financé à l’intérieur du budget existant des médicaments. Selon la Cour des comptes, cela est possible car le nouveau système de délivrance permettra une économie substantielle : si les médecins prescrivent la juste quantité et que les pharmaciens la délivrent effectivement, la mesure pourrait générer jusqu’à 17,3 millions d’euros d’économies pour l’assurance maladie et 4,1 millions pour les patients.

La mesure s’appliquera d’abord aux antibiotiques oraux en soins ambulatoires et pour les traitements aigus. Les médecins devront indiquer le nombre exact d’unités à prescrire ; les pharmaciens délivreront ce nombre, et non une boîte entière. Cette méthode, déjà utilisée dans les maisons de repos, est inédite en officine publique.

L’accord de gouvernement 2025-2029 prévoit qu’à terme, les benzodiazépines et les opioïdes seront soumis au même principe, mais cette extension n’est pas imminente : la première phase, consacrée aux antibiotiques, fera d’abord l’objet d’une évaluation.

Pour le Dr Jos Vanhoof, président de Recip-e, cette réforme aura aussi des répercussions pour les prescripteurs. « Notre logiciel ne permet pas encore d’émettre des prescriptions à l’unité, explique-t-il. Il me semble peu probable que les fournisseurs puissent adapter leurs systèmes à court terme, surtout pour une seule catégorie de médicaments. Si cette mise à jour n’arrive pas à temps, les médecins devront fournir un effort supplémentaire, sans aucune forme de rémunération. »

Renseignements pris auprès de plusieurs fournisseurs de logiciels et au vu des remarques reçues de nos lecteurs, il semblerait toutefois que la majorité des logiciels médicaux soient déjà prêts à permettre la prescription à l’unité, apparemment sans difficulté particulière.

Lire aussi: Antibiotiques: appel aux généralistes à participer à une étude pilote (Inami)

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    24 octobre 2025

    Marre de ce mauvais cirque.

    C’est bien beau la prescription à l’unité, mais quid de la prolongation d’un traitement initié par une Consœur, un spécialiste, un service hospitalier ? Bon amusement pour en découvrir le calendrier et faire le calcul. (Gratuitement, bien sûr !)
    Si certains logiciels permettent déjà par la prescription de tout en DCI, ce n’est pas le cas de Myparis.be. Notre SPF garantit-il que tout cela sera fluide dans quelques soixante jours ?
    .
    Quant à la limitation des prescriptions de certains examens, au lieu de décider et de faire savoir le 1er janvier à chaque médecin combien de RX, TDM, IRM, TSH, SGOT, etc il aura le droit de prescrire au cours des 12 mois suivants, il semble que l’on soit parti pour l’imprévisibilité. A postériori, un tribunal administratif, sans examiner aucun des Patients concernés, pourra-t-il décider que telles et telles prestations ETAIENT « abusives » ? Ou est-on reparti vers un cirque analogue au conditionnement de la prescription des IPP à d’inutiles endoscopies bisannuelles comme voici quelques années?
    .
    Notre célèbre Serviteur Public Fédéral applique rustine insuffisante sur rustine imparfaite, en dépit des vastes trous dans sa raquette. (S’il entreprend une carrière artistique, ce sera-t-il sous le nom de scène de Frankie Rustinov ?)
    Marre de ce mauvais cirque.

  • Thierry LORAND

    24 octobre 2025

    C'est curieux de parler de résistance aux antibiotiques alors que l'amoxycilline règne en maître dans les ventes en pharmacie depuis 50 ans
    Dans les années 80,les sujets âgés de plus de 70 ans, n'avaient pas droit aux réanimations, on n'opérait pas du coeur des patients de 90 et plus, on ne faisait pas de chimios sur le long terme(peu de prduits disponiblesà, etc
    C'est surtout la baisse d'immunité(avec l'âge et les traitements intensifs) qui génère des résistances en milieu hospitalier. Par contre, les appendicites ont disparu, , l'ulcère de l'estomac est soigné par AB au lieu de résection du nerf vague et gastrique, la borréliose non connue est soignée, etc

  • Patrick JADOULLE

    24 octobre 2025

    Via Medispring et peut-être d'autres logiciels également la prescription en DCI (dénomination commune internationale) permet de prescrire à l'unité. Par exemple R/ amoxicilline 1g x 3/j x 8 jours. Et cela ne demande aucun effort supplémentaire. Dr Patrick Jadoulle.

  • Bachir BATTATA

    23 octobre 2025

    Quelle traçabilité est prévue (lot, date de péremption,….) ?