Alors que les médecins sont soumis à une forte pression pour réaliser des économies, le financement public des frais de fonctionnement des mutualités augmente rapidement. En seulement deux ans, plus de 180 millions d’euros supplémentaires ont été alloués à leur administration, soit une hausse de 15 %.
D’après des chiffres officiels, les unions nationales ont perçu ensemble 1.194.981.000 euros de la part de l’État en 2023. Ce montant est passé à 1.285.441.000 euros en 2024, ce qui représente une augmentation de 7,6 %. Cette année, les mutualités recevront encore 7 % de plus, portant le total à 1.375.165.000 euros. Sur deux ans, cela correspond à une augmentation exacte de 15,07 %.
Des critiques récurrentes sur la progression des frais
La progression des frais administratifs suscite des critiques depuis des années. Le fait qu’ils augmentent à nouveau de manière aussi marquée soulève des questions, notamment parce que ces mêmes mutualités demandent de plus en plus d’efforts d’économies aux autres acteurs des soins de santé, en particulier aux médecins.
Solidaris : des signaux financiers qui interrogent
Comme le rapporte notre confrère Tempo Today dans son article Solidaris : difficultés financières en coulisses ?, une entité liée au groupe Solidaris aurait introduit une demande de reconnaissance comme société en difficulté. Si cette situation ne concerne pas directement la mutualité elle-même, elle jette un éclairage nouveau sur certaines prises de position du groupe, notamment son opposition à toute réforme de la nomenclature et à la revalorisation des actes, ainsi que son refus de compenser certains dépassements conventionnés dans les contrats hospitalisation.
Une responsabilisation encore limitée
Ce qui frappe, c’est que les mutualités sont à peine responsabilisées financièrement par rapport à l’enveloppe croissante qu’elles reçoivent. Ce n’est qu’à partir de 2026 que le projet de loi-cadre prévoit une responsabilisation limitée, en lien avec leur contribution au contrôle des dépenses de l’assurance maladie.
Selon l’article X+58 de l’exposé des motifs de cet avant projet de loi, les mutualités devront participer à hauteur de 25 millions d’euros en 2026, ce qui représente seulement 1,8 % du budget administratif actuel. Cette contribution devrait atteindre 100 millions d’euros en 2029, soit 7,3 % du niveau actuel. Mais comme le budget de fonctionnement des mutualités aura sans doute encore augmenté d’ici là, la part réelle de leur responsabilisation, en proportion, sera en pratique encore plus faible.