Les hôpitaux de Belgique tournaient au ralenti ce lundi en raison de la grève des médecins. L'activité était comparable à celle d'un week-end. Les services d'urgences étaient, eux, bien sollicités puisque certains patients dont le généraliste était en grève, ont fait le déplacement aux urgences.
L'Association belge des syndicats médicaux (ABSyM) avait appelé ses membres à cesser le travail de 08 à 18h00. Il s'agissait de la première action nationale des médecins depuis 2001, un événement rare dans une profession peu habituée aux mouvements collectifs.
Le principal syndicat de médecins du pays, représentant 60% des généralistes et spécialistes, dénonce l'avant-projet de loi-cadre du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke.
Le premier point de crispation concerne la volonté du gouvernement de plafonner les suppléments d'honoraires à 125% dans les hôpitaux et à 25% en ambulatoire. Présentée comme un moyen de rendre les soins plus accessibles, cette mesure est perçue par les médecins comme une atteinte à leur liberté tarifaire. Elle constituerait aussi, selon eux, une menace pour le financement indirect des hôpitaux, qui s'appuient sur ces suppléments pour garantir la qualité des soins et investir dans du matériel de pointe.
À ce titre, les médecins ont été largement soutenus par les organisations de défense des droits des indépendants. L'UCM évoque ainsi un combat qui dépasse le seul secteur médical: "il concerne toutes les professions libérales". Pour l'Union des Classes moyennes, la réforme remet en effet en cause les fondements du caractère libéral de la profession: l'autonomie professionnelle.
Le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) et l'Union des professions libérales et intellectuelles de Belgique (Unplib) sont du même avis, s'inquiétant d'un projet qui "ne touche pas uniquement les médecins mais, en pratique, l'ensemble des professions libérales (para)médicales".
La suppression du conventionnement partiel et la possibilité de retirer le numéro Inami d'un médecin ne sont pas non plus vues d'un bon œil. Les représentants des médecins y voient une étatisation progressive du système des soins de santé en Belgique.
Les dentistes se sont joints à la grève. En Flandre, le syndicat de médecins ASGB a aussi mené des actions, sans pour autant paralyser les soins, alors que l'association flamande de médecins généralistes, Domus Medica, ne soutenait pas l'arrêt de travail.
La Fédération des maisons médicales non plus, estimant qu'une réforme du système était bel et bien nécessaire. Les sages-femmes également ont refusé de suivre le mouvement de grève voyant dans la réforme une opportunité d'améliorer leurs conditions de travail précaires.
En début d'après-midi, l'Absym estimait que le mouvement avait été très bien suivi partout dans le pays, tant dans les hôpitaux que pour les soins ambulatoires. De manière générale, les soins de santé n'étaient pas paralysés grâce au maintien des services de garde et d'urgence. La plupart des consultations non urgentes ont été reportées et les patients en avaient été informés.
Qu'elles soutiennent ou non la grève, toutes les organisations sont d'avis qu'une réforme du système de soins de santé en Belgique est nécessaire, mais doit être menée avec soin. "Des changements fragmentés, isolés ou précipités risquent d'aggraver les tensions sur le terrain sans répondre aux véritables besoins des patients ni aux défis quotidiens des professionnels de la santé", avertit Gibbis, une fédération regroupant plus de 70 institutions de soins bruxelloises, publiques et privées.
Les acteurs se retrouveront encore autour de la table ces prochaines semaines. Une réunion des médecins, mutuelles et dentistes est prévue vendredi à 16h00 au cabinet du ministre Frank Vandenbroucke.
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