« Les médecins hospitaliers sont particulièrement touchés par les mesures d’économies »

Dieter Goemaere, chief economist de Gibbis, explique les raisons qui ont poussé la fédération bruxelloise à refuser la proposition de budget 2026 pour les soins de santé au Comité de l’assurance du 6 octobre.

« On devait trouver 50 millions d’économies à réaliser directement sur l'hôpital. En réalité, cet effort est beaucoup plus important quand on compte les économies à réaliser sur les médicaments, les honoraires et les implants », souligne Dieter Goemaere (lire également cet article).
Le responsable hôpitaux de Gibbis estime que les médecins hospitaliers sont particulièrement touchés par les mesures d’économies. « Dans la lettre de mission du gouvernement, c’étaient quasi exclusivement les médecins spécialistes hospitaliers qui étaient impactés, dans la mesure où l’on visait les spécialistes, et plus spécifiquement l'imagerie, la biologie, la chirurgie et les prestations spéciales. Or, ce sont des prestations qui rapportent de l’argent à l’hôpital et qui couvrent les coûts du matériel, du personnel... »

« Sur les 50 millions d’économies, dans la note rejetée au Comité de l’assurance, on avait finalement affecté 3 millions uniquement à l'hôpital de jour », précise l’expert. « Ces économies étaient réalisées via l’effet sur l’hôpital de jour de la suppression du remboursement des circoncisions et l'introduction d'une nouvelle technologie qui permettait de faire un code en polyclinique plutôt qu’à l’hôpital de jour. Le solde est une économie non affectée sur le BMF (47 millions). Comme le BMF est une enveloppe forfaitaire globale, si l'argent n'est pas affecté, il ne peut pas être dépensé. Concrètement, on devrait encore définir les mesures d’économie dans les trois mois qui suivent. C’est une manière de gagner un peu de temps et de réfléchir à la meilleure façon de réaliser ces économies. »

Avancées insuffisantes
Dieter Goemaere estime qu’il y avait tout de même quelques bons éléments dans la proposition du Comité de l’assurance, dont certaines avancées par rapport à la lettre de mission du gouvernement, qui était très impactante pour les hôpitaux. « Mais les avancées n'étaient clairement pas suffisantes. L'exercice global d’économies est trop lourd. Nous avions proposé, ainsi que les médecins, de diminuer l’effort d’économies via une très légère augmentation des tickets modérateurs pour les patients, en protégeant les patients BIM. Une proposition que les mutuelles ne veulent pas entendre », commente Dieter Goemaere.

Quant à l’idée de réaliser des économies de façon linéaire « temporaires », l’expert pointe le risque que les économies ciblées, qui doivent les remplacer, pourraient s’ajouter aux économies linéaires, vu le contexte budgétaire.
Et d’ajouter qu’il faut avoir une vision globale : « Par exemple, en réduisant les honoraires de l’aide opératoire (18 millions), on impacte les revenus qui financent entre autres, en partie, les spécialistes en formation. »

« Les hôpitaux devront faire une part équitable de l'effort budgétaire. La proposition qui est actuellement sur la table n’est pas équilibrée. Nous allons, durant les prochaines semaines, avoir des contacts avec le gouvernement pour arriver à des efforts plus équilibrés. Nous ne pouvons pas mettre les institutions hospitalières en péril », prévient le chief economist de Gibbis.

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