Incapacité de travail standardisée : la Flandre s’inquiète, le sud s'interroge

L’élaboration de durées d’incapacité de travail conseillées pour 8 pathologies fréquentes, à la demande de Maggie De Block, a fait couler beaucoup d’encre la semaine passée. Révélée par Medi-Sphère, relayé par l'agence Belga,  la ministre elle-même s’est fendue d’un communiqué pour calmer les esprits.

Le Collège national de médecine d’assurance sociale en matière d’ incapacité de travail (IT) s’emploie actuellement à définir des « fourchettes » de temps de convalescence pour les lombalgies, les problèmes de la coiffe des rotateurs, le canal carpien, la prothèse de genou, le cancer du sein, l’infarctus, la dépression légère et le burn-out. Lui-même les conçoit comme purement indicatives. Il a prévu de sonder les disciplines médicales concernées, pour voir si ses propositions rencontrent leur adhésion..

Dans la presse flamande, les réactions ont fusé, plutôt négatives sur le banc médical. Début novembre, De Morgen indiquait que Domus Medica, l’ASGB (membre du Cartel) et le BVAS (l’aile flamande de l’ABSyM) n’étaient pas favorables aux recommandations commanditées par la ministre. Domus, bien qu’associée aux travaux du Collège, reste manifestement sur la défensive. "Je souhaiterais que la ministre confirme qu'il ne s'agit pas d'une opération visant à faire des économies et que ces futures lignes directrices ne sont qu'une aide pour les médecins", a déclaré Roel Van Giel, son président.

Il faut dire que, un peu plus tôt, l'organisation patronale Voka branche limbourgeoise avait qualifié l’initiative de la libérale flamande de " victoire pour les entreprises, leurs employés et les innombrables médecins de bonne foi". Elle soulignait les coûts, côté employeurs, de la « ‘faveur’ anodine en apparence que fait le médecin au travailleur en allongeant son IT », et son impact chez les collègues de l’absent, « noyés de travail ». La Voka-mère se félicitait à l’idée qu’on allait « enfin » définir la durée standard d’un processus de guérison classique, « limitant l’arbitraire dans les prescriptions ».

Et au sud ?

Et au sud du pays, comment vit-on la perspective de ces recommandations, dont Maggie De Block a vite précisé qu’on pourrait toujours y déroger en fonction des cas individuels ? Paul De Munck (GBO) : « Pourquoi pas, dès lors qu’elles ne deviennent pas des normes contraignantes… Plutôt que de se focaliser sur la durée, on pourrait aussi rappeler, toujours dans le but d’épauler le médecin, les éléments à prendre en considération dans sa décision. Et dans cette matière en particulier, il ne faut surtout pas négliger les deux autres piliers de l’EBM, outre ce que dit la littérature : l’expérience du médecin et le vécu du patient. »

Le président du GBO propose que le Collège de médecine générale devienne un interlocuteur privilégié des experts scientifiques dans ce débat. Et regrette que l’on ne s’attaque toujours pas, avec cette initiative, aux racines du mal, à savoir les conditions ou les ambiances de travail qui provoquent les arrêts maladie. « Les entreprises mettent-elles vraiment tout en œuvre pour créer du bien-être au travail ? »

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