L’organisation hospitalière bruxelloise GIBBIS annonce dans un communiqué lundi qu’elle a voté contre les propositions discutées au Comité de l’assurance. Selon elle, les économies prévues en soins de santé, qui représentent 190 millions d’euros pour les hôpitaux, « mettent gravement en danger l’équilibre financier du secteur ». Le déficit courant des hôpitaux serait ainsi doublé. « C’est intenable ! », affirme GIBBIS.
Les mesures soumises ce matin visent le financement hospitalier non seulement directement, mais aussi indirectement, à travers les pharmacies hospitalières et les honoraires des médecins spécialistes. Pour GIBBIS, les hôpitaux supporteraient donc l’essentiel de la charge, alors que « l’effort devrait être mieux réparti ».
L’organisation souligne que les hôpitaux sont conscients qu’ils devront contribuer à la prochaine vague d’économies, mais pas au prix de leur viabilité. Elle appelle dès lors le gouvernement à reconnaître l’impact de ces décisions et à réduire l’effort global qui leur est demandé.
GIBBIS plaide notamment pour une suppression des mesures sur les médicaments purement à charge de l’hôpital. « Alors qu’il apparaît que l’industrie pharmaceutique devra économiser 48 millions d’euros de moins que prévu initialement, plus rien ne justifie de réaliser des économies en médicaments sur le dos de l’hôpital », souligne l’organisation.
Dans certains cas, les hôpitaux ne peuvent pas facturer l’entièreté du prix d’un médicament à l’assurance maladie. Une partie est remboursée par l’INAMI, mais une autre partie reste à charge de l’hôpital (« facturation partielle »). Les propositions d’économie actuelles augmentent cette partie à charge. « Résultat : les hôpitaux supportent encore plus de coûts qu’ils ne peuvent pas répercuter sur l’industrie pharmaceutique. Ce type de mesures impacte donc purement les finances de l’hôpital », insiste GIBBIS, qui demande de les mettre à charge de l’industrie.
Concernant les honoraires, GIBBIS estime que les économies envisagées reposent trop sur les spécialistes hospitaliers et les actes techniques, tels que la chirurgie ou l’imagerie médicale, qui sont coûteux à organiser. Elle réclame une répartition « équitable et réaliste » des efforts, entre généralistes et spécialistes, soins ambulatoires et hospitaliers, consultations et actes techniques.
En outre, l’organisation propose d’examiner des ajustements ciblés des conditions de remboursement et du ticket modérateur, plutôt que des coupes linéaires. Il s’agirait, selon elle, de revoir les remboursements de certains soins jugés moins essentiels et d’envisager une adaptation limitée du ticket modérateur pour les patients non vulnérables. Ces ajustements, insiste GIBBIS, « devront être réalisés avec discernement et ne peuvent en aucun cas pénaliser les patients les plus fragiles, ni freiner l’accès aux soins nécessaires ».
« Réformer oui. Économiser, oui. Fragiliser, non ! », déclare Karel Van de Sompel, directeur général de GIBBIS. « Le secteur hospitalier est prêt à collaborer activement aux réformes en préparation. Mais cela ne pourra se faire que si la base financière des hôpitaux est préservée. Fragiliser les hôpitaux, c’est fragiliser un maillon essentiel du système de soins. Pour garantir les meilleurs soins aux patients, il faut des hôpitaux en bonne santé, capables d’investir, d’innover et de recruter. »
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