De 15 à 30% d’erreurs sur les causes de décès déclarées

Il n'est pas rare qu'un médecin généraliste soit le premier présent sur les lieux d'un décès. La littérature confirme que dans 15 à 30% de tous les cas de décès en moyenne, il apparaît après autopsie que la cause clinique de la mort est incorrecte. C'est ainsi que de nombreux homicides ne sont pas identifiés , observe le Pr Wim van De Voorde, médecin légiste à la KUL

Ceci a un impact sur les statistiques, sur l’évaluation de l’importance de certaines maladies (et de la politique de santé qui s’y rattache) et sur l’acquisition de connaissances exactes concernant certaines maladies (ou leur évolution). Mais ce qui est pire encore, c’est le fait d’ignorer la nature exacte des décès. «Nous pensons que c’est surtout dans le grand groupe des effets médicamenteux, intoxications, pneumonies et atteintes cérébrales que les causes de décès sont incorrectes – y compris, par exemple, les ruptures d’anévrismes aortiques, qui sont souvent enregistrées comme de simples infarctus. Le taux d’autopsies a énormément diminué… alors que l’on sait que le nombre d’homicides identifiés augmente avec la fréquence des autopsies.»

Un ultime contrôle des soins
L’autopsie est le moyen ultime de contrôler les soins dispensés. Elle a toutefois complètement disparu de la formation, et les médecins y ont perdu un formidable outil éducatif. «On place parfois une foi démesurée dans la technologie: il y a des choses qui ne se remarquent pas au CT-scan, mais que l’on voit très bien à l’autopsie. L’IRM peut livrer de meilleurs résultats, mais elle n’est actuellement pas utilisée post-mortem parce que les machines ne sont pas disponibles…»

La zone d’activité du Pr Van de Voorde (Brabant Flamand et Limbourg) représente environ un tiers de la Flandre. «Nous sommes appelés sur place pour environ 2,7% des décès parce qu’ils sont considérés comme suspects sur la base des directives, mais une autopsie légale n’est réalisée que dans 0,8% des cas.» Le nombre d’autopsies en Belgique est extrêmement réduit, avec un ratio d’autopsies médico-légales estimé à ± 0,5-1% et un ratio global d’autopsies de ± 2%, alors que l’on atteint 8% aux Pays-Bas et en Allemagne, 12% aux États-Unis, 24% en Grande-Bretagne et même plus de 30% dans les pays scandinaves. Les chiffres belges sont donc extrêmement bas.

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Wim Van de Voorde: 
«De nombreux homicides sont non identifiés»

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