Santé mentale: les Mutualités Libres dressent une cartographie de la situation belge

La santé mentale n’est pas toujours au premier rang des préoccupations des médecins et des autorités publiques. Serait-ce en train de changer ? Une série d’études et de publications s’y attardent tout à coup. La dernière en date, celle des Mutualités Libres, dresse une cartographie de la situation belge.

A part les spécialistes tels que psychiatres et psychologues, nos idées sur la santé mentale étaient plutôt vagues. Nous savions bien que beaucoup de gens se portaient mal, sans plus. Pourtant, le volet « santé mentale » de l’enquête de santé publique menée par Sciensano en 2018 montrait que près d’un Belge sur trois accusait un mal-être psychologique. Une autre étude, plus récente de l'Unicef, montrait que plus de 16, 3% des jeunes belges de 10 à 19 ans souffrent d’un trouble mental. Pour l'OMS, les réponses aux problèmes de santé mentale dans le monde sont insuffisantes et inadaptées.   

Jeudi, les Mutualités Libres , présentait une cartographie de la situation belge en matière de santé mentale, de quoi nous déniaiser sur ce plan s’il fallait encore le faire. C‘est à partir des données concernant les remboursements aux affiliés (plus de 2.270.000 personnes) que les experts ont travaillé. 

Globalement peu d’impact de la COVID 

Ils ont ainsi pu estimer que chaque année entre 2018 et 2020, environ 9% de la population étudiée consommaient des antidépresseurs. Il y avait deux fois plus de femmes que d’hommes mais dans l’ensemble, cela correspond à la prévalence connue de la dépression dans la population. La Flandre et Bruxelles sont à égalité (environ 6% de consommateurs), tandis que la Wallonie consomme plus (8,6%) . L’âge et la précarité sont deux facteurs importants de cette consommation. Les deux tiers des personnes concernées ont consommé des antidépresseurs de manière chronique pendant la période étudiée, soit plus de 90 jours par an. Les personnes bénéficiant d’une intervention majorée ont tendance à utiliser deux fois plus d’antidépresseurs que celles qui n’y ont pas droit. La relative stabilité des chiffres par rapport aux années précédentes suggère que la crise de la COVID a eu peu d’impact sur le nombre de consommateurs d’antidépresseurs. Néanmoins cette stabilité n’est qu’apparente puisqu’une augmentation de la consommation a été observée (en fait chez les 19-24 ans) lors du premier confinement, suivie d’une baisse. En toile de fond, il faut aussi tenir compte d’un effet saisonnier bien connu. C’est le généraliste qui a le plus souvent prescrit (environ les trois quarts des ordonnances), devant les psychiatres (18%) et quelques neurologues (2%).

Risques accrus de comorbidité

Quant aux antipsychotiques, 2,4% des affiliés des Mutualités Libres en ont utilisé et près de 0,9% l’ont fait de manière chronique. C’est chez les 19-24 ans qu’on a enregistré la plus forte hausse en 2020 : quasiment 7%. La Flandre a eu moins recours aux antipsychotiques que les deux autres régions. Ici encore, ce sont les généralistes qui ont prescrit le plus (52 à 54% selon les années) mais les psychiatres ne sont pas loin (40 à 42%). Enfin, presque 3% de l’échantillon ont suivi une psychothérapie chez un psychiatre. Ce sont les personnes de 40 à 54 ans qui le font le plus souvent. Si ce phénomène est en recul par rapport à 2018 (-4,3% de 2018 à 2020), il est tout de même en hausse chez les 19-24 ans (près de 5% en plus). Mins d’un pourcent des personnes de l'échantillon ont appelé l’aide d’un psychologue.

Ce n’est pas tout : les analystes ont constaté un plus grand risque de comorbidités chez les personnes éprouvant des difficultés mentales que chez les autres. Les maladies chroniques (diabète, troubles cardiaques,épilepsie…) sont fréquemment rencontrées dans ce contexte. Plus grave encore : le risque de décès est six fois plus élevé (neuf fois chez les jeunes de 19 à 24 ans en 2020).

Les urgences : prévenir, détecter, traiter 

Il est donc urgent, disent les Mutualités Libres, d’accorder de l’importance à ce secteur et d’y consacrer un budget adéquat. La prévention doit être mise en avant, ainsi que la détection précoce et la prise en charge des troubles mentaux. Le milieu scolaire et le milieu du travail sont les lieux par excellence où la prévention doit être déployée. La stigmatisation doit être combattue, ce qui présuppose une meilleure compréhension (littératie) par le public. Il faut investir dans la promotion des traitements psychothérapeutiques par des prestataires agréés pour garantir l’accès à ces soins. Des unités de crise et les lits psychiatriques doivent être plus nombreux pour éviter les listes d’attente.

Partenamut offre aux étudiants de 18 à 25 ans cinq séances avec un psychologue par téléphone ou par video ainsi qu’une intervention dans le remboursement des séances de psychologie individuelle, de couple ou familiale  Helan Ziekenfonds (anciennement Partena Ziekenfonds) a lancé la campagne de prévention et d’information sur la musturbation (perfectionnisme et répétition constante à soi et aux autres de « il faut, on doit… ») qui incite notamment à pratiquer un auto-test sur le stress et la fatigue. La mutualité néerlandophone rembourse des séances de psychologie non prises en charge par la sécurité sociale et offre, elle aussi, cinq consultations gratuites sur la ligne d’écoute.

> Lire l'intégralité de l'étude

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