Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis jeudi de complètement réformer en dix ans le système public de santé, après la parution d'un rapport accablant qui a souligné l'"état critique" dans lequel se trouve cette institution vénérée des Britanniques.
Difficultés pour obtenir un rendez-vous chez le médecin, listes d'attente à rallonge pour être traité à l'hôpital, urgences débordées : le National Health Service (NHS), créé peu après la Deuxième guerre mondiale pour offrir des soins gratuits à tous, n'est plus que l'ombre de lui-même.
Sa remise sur pied est apparue comme un sujet majeur dans la campagne électorale qui a porté Keir Starmer au pouvoir en juillet dernier et le travailliste en a fait l'une de ses priorités.
Jeudi, il a annoncé vouloir procéder à "la plus grande réorganisation" du NHS depuis sa mise en place, après la publication d'un rapport commandé par le gouvernement au début de l'été.
"Le NHS est peut-être cassé mais il n'est pas à terre" et "ce gouvernement travaille à définir un plan sur dix ans" qui sera "différent de tout ce qui a été fait jusqu'ici", a dit le Premier ministre.
Le rapport de 142 pages paru jeudi conclut que le fonctionnement du service de santé public s'est détérioré ces quinze dernières années et qu'il est dans un "état critique".
Et les causes en sont multiples, d'après son auteur, Ara Darzi, un chirurgien et membre indépendant de la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement : manque d'investissements, tentative de réorganisation inefficace, pandémie du Covid-19.
Le rapport souligne aussi l'augmentation du nombre des patients souffrant d'une maladie de longue durée, comme le diabète et l'hypertension artérielle.
Il souligne que le Royaume-Uni a un taux d'incidence du cancer plus élevé que d'autres pays européens, avec de gigantesques listes d'attente de malades en quête d'un traitement.
Il note enfin que 10% des personnes qui arrivent aux urgences attendent plus de douze heures avant d'être vues par un soignant.
"Bien que je travaille au sein du NHS depuis plus de 30 ans, j'ai été choqué par ce que j'ai découvert", a commenté Ara Darzi, cité dans un communiqué.
"Ce qu'il nous faut, c'est le courage de mettre en oeuvre une réforme à long terme : une opération chirurgicale majeure et non des solutions de fortune", a assuré M. Starmer.
"Le NHS est à la croisée des chemins", a-t-il insisté, réitérant les attaques contre les conservateurs déjà formulées pendant la dernière campagne électorale.
Les Tories "ont infligé (au NHS) ce que le rapport a décrit comme la décennie la plus austère depuis la fondation" de ce système de santé, a martelé le Premier ministre.
Il a présenté les "trois grands changements" dans le but de "redresser le NHS" : le passage au numérique pour améliorer la productivité du système et des soignants, le développement des soins ambulatoires afin de désengorger les hôpitaux et la prévention.
"Cela veut dire davantage d'examens, de radios, de soins offerts" en dehors de l'hôpital ou encore "des investissements de long terme dans les nouvelles technologies qui nous aideront à détecter et éviter les problèmes plus tôt", a-t-il notamment énuméré.
"La tâche qui nous attend est celle d'une génération", a lancé M. Starmer, promettant d'oeuvrer avec les médecins et les soignants, qui ont multiplié les grèves ces deux dernières années, pour réclamer des hausses de salaires et davantage de moyens, en particulier une hausse des effectifs.
"Le changement pourrait constituer la plus grande réinvention de notre NHS depuis sa naissance", a estimé le Premier ministre, qui assure ne pas vouloir "augmenter les impôts des travailleurs".
Au cours de la campagne électorale, tous les partis politiques avaient promis de réparer le NHS. Mais leurs engagements n'étaient "pas financés", avait souligné le groupe de réflexion Institute for Fiscal Studies.