Prise en charge des aînés dépendants: la Cour des comptes pointe les manquements wallons

En Wallonie, l'offre de prise en charge des aînés dépendants est insuffisante pour répondre à la demande actuelle et future. En outre, le dispositif ne permet pas de garantir une prise en charge adaptée aux plus dépendants et les mesures adoptées afin d'anticiper l'évolution des besoins ne répondent pas complètement aux enjeux quantitatifs et qualitatifs du vieillissement démographique, ressort-il d'un rapport de la Cour des comptes qui s'est penchée sur la prise en charge des aînés dépendants en Région wallonne.

Pour ce faire, la Cour a analysé l'aide à domicile et l'hébergement en institution, les deux principaux instruments régis par les auto rités régionales.

De cet examen, il apparaît que des demandes de prise en charge restent insatisfaites, tant au domicile qu'en maison de repos et de soins. De plus, leur ampleur et leurs caractéristiques ne peuvent être précisées à cause d'un manque d'information sur les aînés, qu'il s'agisse de leur degré de perte d'autonomie ou de leurs besoins plus spécifiques. 

La Cour relève également que la politique menée prend en compte les personnes les plus dépendantes "mais ne leur garantit pas une prise en charge adaptée à leurs besoins".

En matière d'hébergement, bien que la Région ait mené une politique de requalification de lits de maisons de repos (lits MR) en lits de maisons de repos et de soins (lits MRS) durant les vingt dernières années, le nombre de lits MRS en exploitation, spécifiquement dédiés aux plus dépendants, reste insuffisant, poursuit la Cour selon laquelle "un nombre non déterminable d'aînés dépendants restent sur liste d'attente et sont privés d'une prise en charge potentiellement mieux adaptée à leurs besoins".

Par ailleurs, pour l'aide à domicile, "le principe visant à ce que l'aide soit prioritairement orientée vers ceux qui en ont le plus besoin n'est ni vérifiable, ni applicable, puisque la priorisation entre les différents types de publics ou de besoins à prendre en charge n'est pas clarifiée", ajoute la Cour des comptes. 

Sur les deux dernières décennies, l'offre de services n'a évolué que modérément et à un rythme moindre que celui du vieillissement démographique, souligne-t-elle encore. En mai 2019, le gouvernement wallon a ainsi décidé de créer, progressivement et d'ici 2030, 11.300 nouvelles unités en maisons de repos et de soins. Sachant qu'une unité n'équivaut pas nécessairement à un lit physique, "cet objectif ne présage ni de l'accroissement effectif du parc de lits, ni de l'ampleur des requalifications permettant une prise en charge plus adéquate de la dépendance", avertit la Cour.

Dans le secteur de l'aide à domicile, un budget additionnel de 5 millions d'euros, adopté dès 2020, a permis une relative augmentation des prestations durant cette législature. "La configuration et le développement de l'offre de services à domicile n'ont cependant pas fait l'objet d'une autre décision stratégique à moyen et long terme", pointe-t-elle en relevant finalement "le défaut de stratégie de l'autorité wallonne pour répondre aux enjeux futurs".

Si elle rejoint les principaux constats de la Cour, la ministre régionale de la Santé et de l'Action sociale, Christie Morreale, assure que des actions sont en cours et en projet afin de répondre aux problématiques relevées. Elle affirme également "mesurer la nécessité d'anticiper des solutions adéquates pour la prise en charge des futures personnes âgées" et estime "que la réponse aux enjeux du vieillissement devra être basée sur des études mettant en évidence les besoins des aînés qui tiennent compte de la demande non satisfaite et de l'éventail des besoins à rencontrer", relate enfin la Cour.

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    08 juillet 2021

    Un autre aspect du problème est passé sous silence : quand une personne n'a pas assez de revenus pour prendre en charge son placement en MR ou MRS... et que ses enfants n'ont pas la capacité financière d'intervenir, c'est le CPAS de son domicile avant l'entrée en MR/MRS qui DOIT intervenir !
    Cela fait partie des missions obligatoires des CPAS... Cette mission des CPAS n'est pas subsidiées et c'est la commune qui doit financer son CPAS pour ces frais à assumer.
    LE problème est que les communes riches ont beaucoup de rentrées fiscales... et peu de personnes incapables de payer leurs hébergements.
    Par contre les communes "pauvres" ont beaucoup de prises en charge à assumer... et moins de recettes fiscales.
    Si on veut aborder le problème de prise en charge des aînés, il faudrait absolument résoudre ce problème d'inégalité inadmissible entre les communes, et réfléchir aux moyens à mettre en place pour un financement où tous les contribuables sont égaux devant cette solidarité à assumer !