Plus d'un an de retard dans les soins chirurgicaux essentiels, selon l'Inami

Les soins chirurgicaux essentiels et mixtes dans les hôpitaux accusent plus d'un an de retard en raison de la pandémie du Covid-19, indique vendredi l'Institut national d'assurance maladie invalidité (Inami), qui a réalisé un audit de la question. Pour les soins non essentiels, le retard atteint 4,6 années.

Afin d'estimer l'impact du coronavirus sur les soins prodigués dans les hôpitaux, le Service d'audit hospitalier, issu d'une collaboration entre l'Inami, le SPF Santé publique et l'AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) a analysé l'arriéré accumulé dans les soins et le temps de rattrapage.

Trois types de soins ont été distingués: ceux essentiels, dont le report peut entraîner des dommages importants pour la santé du patient ; ceux non-essentiels, dont le report n'entraîne pas ou peu de dommages ; et ceux considérés comme mixtes, c'est-à-dire qu'en fonction du contexte, ils peuvent être essentiels ou non.

Entre mars 2020 et mai 2021, l'Inami a noté des retards accumulés lors des première, deuxième et troisième vagues de contamination, ainsi que des mouvements de rattrapage entre ces périodes, avec un pic absolu en mars 2021.

La première vague, en avril 2020, a vu une chute brutale des prestations chirurgicales essentielles, seulement 56% ont été effectuées, à peine 6% des prestations chirurgicales non essentielles ont été effectuées. Au cours de l'été 2020, les hôpitaux ont légèrement rattrapé leur retard.

Pendant la 2e vague (novembre 2020), par rapport à la situation normale, 80 % des prestations chirurgicales essentielles ont été effectuées, 33% des prestations chirurgicales non essentielles ont été effectuées.

Entre décembre 2020 et mars 2021, les hôpitaux se sont attelés à rattraper leur retard. Au pic de mars 2021, par rapport aux années précédant la COVID-19 , 118% des prestations chirurgicales essentielles ont été effectuées, 127% des prestations chirurgicales non essentielles ont été effectuées. " Ce rattrapage est nettement supérieur à celui qui a suivi la première vague", relève l'Inami.

Pendant la troisième vague (avril-mai 2021), le rattrapage a stagné et les arriérés ont recommencé à augmenter.

En chirurgie
Par rapport aux années de référence, 83% des prestations essentielles ont été effectuées, 89% des prestations non essentielles ont encore été effectuées.

Des analyses similaires montrent qu’à la fin mai, la plupart des disciplines ont un retard accumulé de 10 à 15% de leur "production annuelle normale". L'Inami constate les plus grands retards en chirurgie vasculaire (28%) et en chirurgie oto-rhino-laryngologique (40%)

Ces deux disciplines en particulier présentent des retards importants dans les soins et ne montrent pas encore de tendance de rattrapage. Ces estimations incluent certaines prestations qui sont connues pour leur surutilisation. Cela signifie que toutes les prestations ne doivent pas être rattrapées.  En général, les indications et les priorités médicales ont été strictement appliquées.

En médecine interne
Les grands retards accumulés se situent en pneumologie (21% fin mai) et en gériatrie (20% fin mai), et l'Inami constate aucun mouvement de rattrapage.
Les retards en gastro-entérologie (11% fin mai) et en neurologie (9% fin mai) diminuent.
On constate également des éléments positifs : le rattrapage presque complet du retard en cardiologie (3 % fin mai) et l'absence de retard en oncologie d'après les données. de l'Inami.
En psychiatrie
Des tendances similaires sont constatées dans les hôpitaux aigus et psychiatriques. À partir de décembre 2020, les retards diminuent généralement mais stagnent pendant la 3e vague.
Le retard au niveau des honoraires de surveillance en psychiatrie adulte se situe entre 5 et 9%. En pédopsychiatrie, à la fin mai, l'Inami constate un nombre similaire ou supérieur de prestations par rapport à la période précédant la pandémie.  
Le nombre de consultations psychiatriques dans les hôpitaux aigus (soutien d'autres services) accuse un retard de 19% sans mouvement de rattrapage.

"Nous estimons qu'1,2 année sera nécessaire pour rattraper toutes les prestations chirurgicales essentielles et 4,6 ans pour les non-essentielles."

L'estimation du temps de rattrapage se base sur un scénario où une capacité supplémentaire moyenne de 5% est libérée par rapport à 2019, en partie grâce à une meilleure efficacité.

Il est clair que les conséquences de la pandémie se feront encore sentir au niveau des soins hospitaliers dans les années à venir.

> Découvrir le rapport complet

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Derniers commentaires

  • Paul DE HERTOGH

    06 décembre 2021

    Et si on mettait une pénalité financière (ou une amende) aux gens qui refusent de se faire vacciner et qui encombrent les salles de soins intensifs.