Pas encore adoptée, la prime pour les soignants suscite déjà des réactions

Les acteurs de la santé regrettent le manque de concertation des autorités face au projet de prime pour le personnel soignant actuellement en discussion au sein du gouvernement. "L'annonce a créé des tensions dans les hôpitaux dont on se serait bien passé en cette période", a déclaré le directeur d'Unessa. "Plutôt qu'un bonus, ce qu'on demande, c'est du matériel de protection", a-t-il réclamé alors que la pandémie de coronavirus continue sa propagation en Belgique.

Selon le journal De Tijd, le gouvernement fédéral s'est accordé jeudi soir sur une "prime covid-19" de 1.450 euros dont bénéficierait le personnel soignant dans les hôpitaux. Le gouvernement tablerait sur 10.000 demandes, portant la facture à 14,5 millions d'euros.

Seul le personnel soignant dans les hôpitaux pourrait prétendre à cette prime. "Le personnel logistique qui fait en sorte que les prestataires de soins peuvent se concentrer pleinement sur la prise en charge des patients en serait exclu, de même que le personnel des maisons de repos, qui luttent pourtant tout autant contre la pandémie", dénonce Christophe Happe, directeur de la fédération Unessa, qui regroupe 300 structures actives dans les soins de santé et l'aide aux personnes.

Cette prime ne viendrait dès lors, selon lui, que "fragmenter un système de santé, qui représente un ensemble de métiers sur le front sans relâche".

L'Unessa appelle donc les autorités à la concertation plutôt qu'à "faire feu de tout bois sur l'une ou l'autre idée qui viennent déstabiliser le personnel de terrain". Il souligne par ailleurs que la Belgique compte bien plus que 10.000 soignants, comme l'a estimé le gouvernement.

"Plutôt qu'un bonus, ce qu'on demande, c'est du matériel de protection", insiste-t-il. "Les bonus éventuels pourront être considérés une fois la crise derrière nous".

De son côté, la Fédération nationale des Infirmières de Belgique (FNIB) a adressé une lettre ouverte au gouvernement dans laquelle elle demande de reconnaître la profession comme métier pénible. "Vous libérez une prime "coronavirus 19" c'est un début, MAIS il faut maintenant concrètement et sur un long terme reconnaître la pénibilité et dangerosité de notre profession infirmière".

Pour la présidente de la FNIB, Alda Dalla Valle, l'hécatombe provoquée par le coronavirus résulte de choix politiques. Dès lors: "Assumez", lance-t-elle à destination des ministres du gouvernement. "Simple grippe avez-vous clamé madame De Block? Pas besoin de protection! Nous sommes des pleurnichards? Où êtes-vous pendant que nous sommes sur le terrain contre vents et marrées et contre cet ennemi impitoyable et invisible? ", interroge-t-elle plus avant.

Dans la lettre, le secteur implore par ailleurs d'arrêter les coupes budgétaires dans la santé. "Economie et santé ne riment pas: comment faire tourner cette économie si la majorité de soignants ne soignent plus? Par contre, santé et économie sont de 'bons amis': le premier favorisera le second! ".

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