MSF qualifie de "crise humanitaire" la gestion de l'épidémie dans les maisons de repos

L'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a présenté mardi son rapport "Les laissés pour compte de la réponse au Covid-19", qui qualifie de "crise humanitaire" la gestion de l'épidémie de Covid-19 dans les maisons de repos en Belgique, sans distinction entre les Régions.

"Par crainte d'en arriver à un scénario italien ou espagnol avec des hôpitaux surchargés, les résidents et personnel de structures collectives telles que les maisons de repos se sont retrouvés livrés à leur sort", avance MSF.

L'ONG rappelle que l'épidémie a décimé plus de 6.200 résidents de maisons de repos, soit 64% des décès liés au Covid-19 en Belgique. Elle pointe des limitations dans la référence des patients en situation critique vers des services médicaux extérieurs, notamment vers les hôpitaux. Elle relève que ces transferts sont même passés de 86% avant la crise à 57% en pleine épidémie.

"Il y a eu des messages de ne pas réanimer au-delà d'un certain âge provenant de certaines associations médicales, des associations gériatriques par exemple, qui sont parvenues aux maisons de repos", énumère notamment le docteur Bertrand Draguez, président de MSF en charge de l'intervention en Belgique. Le rapport de MSF précise également que des "ambulanciers avaient reçu des consignes de leurs hôpitaux de référence de ne pas prendre les patients de plus d'un certain âge, souvent 75 ans mais descendant jusqu'à 65 ans parfois".

Une communication du 22 mars du Collège de Médecine générale francophone de Belgique appelait aussi les généralistes à "faire le tri pour éviter de saturer les urgences avec des patients dont l'espérance de vie est limitée", selon des échelles d'évaluation nécessitant l'aval de gériatres pour certains transferts, et ce alors que ces derniers n'avaient pas toujours accès aux maisons de repos. "La référence d'une structure vers une autre demande une évaluation médicale du patient, qui n'a souvent pas pu avoir lieu car les médecins généralistes n'étaient pas assez présents", explique le préside nt de MSF. "Des généralistes n'ont pas pu venir dans les maisons de repos car ils n'avaient pas de matériel de protection."

Face à ces différents freins aux transferts vers les hôpitaux, le M. Draguez estime qu'"il faut savoir prendre du recul par rapport à ce genre de recommandations car la capacité hospitalière n'a jamais été dépassée. On a seulement eu quelques transferts d'un hôpital à l'autre. Dans l'éventualité d'une 2e vague à l'automne, elle ne sera pas d'une telle intensité et les hôpitaux ne seront pas submergés. (...) Afin d'être mieux préparés à affronter une nouvelle vague épidémique de Covid-19, les leçons des expériences des derniers mois doivent être tirées sans délai".

Face au taux d'absentéisme important, il estime le renforcement du personnel crucial et préconise, dans l'éventualité d'une seconde crise, le transfert de personnel médical des hôpitaux ou d'infirmiers des soins palliatifs vers des maisons de repos.

Le docteur Draguez remarque que "l'action a été au départ dirigée dans son ensemble vers les hôpitaux: en matériel, en testing...", alors que les maisons de repos, qui étaient en première ligne manquaient de personnel soignant suffisamment formé et d'équipements de protection. MSF ajoute que le dépistage n'avait pas lieu dans plus de trois maisons de repos sur 10 et que l'isolement des cas confirmés n'avait pas lieu dans 40% des cas.

Pour le personnel, MSF recommande un accompagnement psychologique pour gérer le stress post-traumatique vécu.

L'ONG est intervenue dans 135 maisons de repos en Belgique au fort de l'épidémie.

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