Malades de longue durée : « Contrôler n’est pas accompagner » (Pr Lode Godderis)

Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven et CEO du Service pour la Prévention et la Protection au Travail (IDEWE), se dit préoccupé par les projets du ministre Frank Vandenbroucke de soumettre les malades de longue durée à un contrôle médical après un an, avant que leur indemnité puisse être prolongée. Il plaide pour une approche plus positive et pour un lien avec ce que l’employeur peut offrir.

Le professeur Godderis est une autorité dans le secteur. Il estime que l’objectif du ministre Vandenbroucke d’examiner le potentiel de travail d’un malade de longue durée est absolument positif. « Je suis d’accord sur le fait que le travail peut contribuer au processus de guérison. Il aide aussi à sortir les gens de leur isolement social et il est également positif d’un point de vue financier. »

Mais Lode Godderis se dit inquiet si l’on veut atteindre cet objectif via un « contrôle » et « lié à la perte de son indemnité ». « Contrôler n’est pas la même chose qu’accompagner. Le travail devrait aussi être intégré comme un objectif de santé, comme quelque chose de positif », affirme-t-il, plaidant par exemple pour des incitants plutôt que des sanctions.

Il estime en outre que l’approche est encore trop centrée sur l’individu. « L’important n’est pas seulement de regarder ce que cette personne peut encore faire, mais aussi ce que l’employeur peut lui offrir. Ces deux aspects doivent être reliés. » Selon le professeur, il s’agit là d’un des plus grands défis, car la Belgique est un pays de PME et un retour sur le lieu de travail, par exemple via un travail adapté, est loin d’être une évidence.

La Belgique compte aujourd’hui plus d’un demi-million de malades de longue durée, ce qui fait de nous les champions en Europe. La grande différence avec des pays comme les Pays-Bas et la Scandinavie est, selon Lode Godderis, que l’on y examine beaucoup plus rapidement ce que le travail peut signifier dans le traitement. Aborder quelqu’un seulement après un an, c’est donc trop tard.

Il y a presque un an jour pour jour, Lode Godderis publiait son manifeste pour la réintégration , appelant déjà à un changement profond dans l’approche de la réintégration des malades de longue durée.

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