Maisons de repos : trois quarts des infectés Covid restent invisibles (Sciensano)

D'après les chiffres que Sciensano et les régions publient aujourd'hui dans le Lancet,  74,8% des personnes effectivement positives au Covid-19 ne présentaient en effet aucun symptôme au moment du test. Des résultats terrifiants, parce qu'ils montrent qu'en ne testant que les personnes présentant des symptômes, les autorités de santé ont "raté" trois quart des personnes contaminantes, qu'il aurait fallu isoler.

Début avril, le ministère de la santé a décidé de lancer une campagne de tests de masse dans les MRS. Les tests ont été distribués par les autorités régionales, donnant la priorité aux établissements avec un nombre plus élevé de cas suspects. Des écouvillons nasopharyngés et oropharyngés ont été collectés auprès des résidents et du personnel et envoyés pour des tests PCR en temps réel dans des laboratoires présélectionnés à travers le pays.

Des résultats terrifiants

Les résultats publiés dans le Lancet sont terrifiants, parce qu'ils montrent qu'en ne testant que les personnes présentant des symptômes, les autorités de santé ont "raté" trois quart des personnes contaminantes, qu'il aurait fallu isoler.

74,8% des personnes effectivement positives au Covid-19 ne présentaient en effet aucun symptôme au moment du test. Elles n'avaient donc pas été isolées dans une partie spécifique de l'établissement, et pouvaient ainsi contaminer d'autres résidents ou d'autres membres du personnel qui ne prenaient pas de précautions particulières. 280 427 personnes ont été testées, la moitié de résidents et l’autre d’employés. L'âge médian était de 42 ans pour le personnel et de 85 ans pour les résidents. 

Les mesures de prévention et de contrôle doivent persister

Selon Sciensano, « Cette analyse d'un grand nombre de tests montre une forte proportion de cas asymptomatiques. La proportion d'infections au SRAS-CoV-2 qui étaient asymptomatiques variait de 20% à 88% de la population testée dans les études précédentes. Le risque de sous-détection des symptômes, bien qu'atténué par l'évaluation médicale, persiste. Des charges virales similaires ont été signalées entre les cas symptomatiques et asymptomatiques permettant la transmission et la propagation du virus pour les deux groupes. Dans les maisons de repos et de soins,  les porteurs asymptomatiques du virus pourraient représenter un important moteur de transmission. Pour limiter la propagation du SRAS-CoV-2 dans les établissements résidentiels fermés, nous répétons l'importance d'appliquer largement des mesures de prévention et de contrôle des infections à grande échelle tant que l'épidémie se poursuit ».

Pour le professeur Michel Goldman, immunologue à la tête de l’Institut I3h (ULB) et membre de l'Académie royale de médecine « Cette étude prouve définitivement à ceux qui continueraient à douter de l'importance d'un dépistage des sujets asymptomatiques que c'est dès maintenant que nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter une deuxième vague. C'est d'ailleurs ce que fait la France en lançant une campagne de dépistage massif pour repérer les porteurs asymptomatiques du virus. C'est ainsi que l'on pourra contenir les foyers où le virus se fait oublier aujourd'hui et d'où il risque de resurgir avant que la vaccination ne produise ses effets ». Il insiste sur l’incertitude persistante quant à la relation entre présence d’anticorps dans le sang et protection contre une nouvelle infection. « Les résultats d’études menées en Chine indiquent que les anticorps peuvent disparaître du sang endéans 2 à 3 mois après le déclenchement de l’infection. Ce phénomène s’observe principalement chez les patients qui ont présenté peu de symptômes ou sont restés asymptomatiques ». 

Un plan contre la 2eme vague

Cette étude est publiée alors que le ministre bruxellois de la Santé Alain Maron (Ecolo) a envoyé un plan « anti 2e vague Covid ». D'ici le 31 juillet, les maisons de repos devront mettre en place d'un plan d'action succinct. Il leur incombe notamment de constituer une cellule de gestion de crise prête à réagir en cas de rebond de l'épidémie et d'opérationnaliser une série de procédures si la maladie se répandait dans l'établissement. Différents stades sont prévus, qui vont de la détection d'un cas à celle d'un cluster (foyer, si deux cas positifs sont détectés en moins d'une semaine) et de l'aggravation d'un cluster qui mènera à la fermeture de l'établissement aux visiteurs extérieurs. 

En mars, une première étude avait conclu qu’une personne sur six était infectée dans les maisons de repos. Il avait alors été décidé de faire un testing systématique, qui produit ses résultats aujourd’hui. 

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