Lieven Annemans et 4 autres universitaires s’interrogent sur le financement des maladies de civilisation

Dans une carte blanche sortie ce matin dans l’Echo, l’économiste de la santé Lieven Annemans s’interroge, avec quatre autres universitaires, sur la façon de financer le traitement des maladies dites de civilisation, de prime abord évitables, sans chercher à ostraciser les « coupables ».

L’obésité, le diabète de type 2, les troubles cardio-vasculaires, certains cancers… et autres maladies « de l’abondance » ont un coût humain (elles occasionnent plus de la moitié des décès en Belgique) mais aussi financier pour la collectivité, et ce alors qu’elles sont liées à des comportements individuels, situent les auteurs (*).

Notre sécu, rappellent-ils, n’a jamais fonctionné en cherchant des coupables. Mais d’après eux le refrain risque de changer, vu la constante hausse des (dépenses pour les) maux de civilisation en dépit des campagnes d’information et vu l’affinement des méthodes permettant d’identifier les causes de certaines affections.

L’idée d’exclure des gens de la solidarité de l’assurance-maladie « sous le prétexte fallacieux de choix individuels », Lieven Annemans et ses cosignataires n’en veulent « absolument pas ». Le mode de vie, disent-ils, est essentiellement déterminé par des facteurs d’environnement ou de génétique sur lequel chacun a peu de prise.

Selon leurs calculs, la stéatohépatite non alcoolique, qui frappe quelque 300.000 Belges, coûte entre 100 et 400 millions à l’assurance-maladie, plus les coûts indirects causés par les ITT. Si investir dans une prévention ciblée et des options de traitement au rapport coût/efficacité avéré peut éviter une partie de l’addition, « nous avons tous intérêt à aider ces patients, en dehors de toute question de culpabilité ».

Les auteurs préconisent la prévention, mais une prévention qui, davantage qu’aujourd’hui, devrait aider les citoyens à se (re)prendre en main au niveau hygiène de vie. Comment ? Ils avancent plusieurs recettes : travailler à la formation des prestataires, se préoccuper de leur réel « temps médical », élaborer des programmes de dépistage performants, travailler la health literacy dès l’école primaire, investir dans une meilleure collecte de données pour mieux suivre des syndromes et évaluer la pertinence des politiques… ou encore prévoir des incentives pour les patients se pliant au moins une fois l’an à un check up chez le MG ou le dentiste.

> Lire la Carte Blanche : Les maladies de civilisation menacent-elles… notre civilisation?

(*) Lieven Annemans ( Université de Gand) Sven Francque (université d'Anvers), Nicolas Lanthier (UCLouvain), Brieuc Van Damme (consultant) et Pieter Vandekerckhove (Erasmus Universiteit Rotterdam)

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