La Mutualité chrétienne (MC) publie une étude à l’occasion de la Semaine de la santé mentale montrant que le nombre de patients ayant recours aux soins psychologiques de première ligne remboursés a fortement progressé. Le dispositif, instauré en 2019, a permis à 282 937 personnes d’y accéder en 2024, contre 113 578 en 2022. Cela représente 2,5% de la population, en hausse de 149% en deux ans.
Entre 2019 et 2024, près de 466 000 personnes différentes ont bénéficié de cette convention. Selon la MC, cette évolution est particulièrement marquée dans les groupes les plus vulnérables : 3,9% des 20-29 ans, 3,2% des femmes (contre 1,8% des hommes) et 3,1% des personnes à faibles revenus y ont eu recours en 2024.
« La santé mentale n’est plus un luxe, c’est un droit. Grâce à la convention, des milliers de personnes ont enfin franchi la porte d’un psychologue », souligne la MC dans son rapport.
L’étude met en évidence l’importance croissante des « lieux d’accroche » : écoles, maisons de quartier ou centres pour jeunes, où les psychologues se déplacent directement. En 2024, 35% des patients ont eu au moins une séance dans ce type d’espace, contre 13% en 2022. Les auteurs estiment que cette approche a permis de toucher des publics qui n’auraient pas spontanément consulté en cabinet.
Autre tendance significative : la part de nouveaux patients, sans antécédent de soins de santé mentale enregistré dans les deux années précédentes, est passée de 37% en 2019 à 56% en 2024. Pour la MC, cela illustre que la convention ouvre réellement la porte à de nouveaux publics.
La vice-présidente Elise Derroitte salue une avancée, tout en appelant à aller plus loin : « Cette étude confirme que la convention soins psychologiques de première ligne a permis de franchir un cap en matière d’accessibilité. Mais il reste des défis majeurs à relever pour garantir une équité réelle sur tout le territoire et répondre à l’ensemble des besoins, notamment des publics les plus fragiles. »
Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, insiste pour sa part sur la portée sociétale de cette réforme : « Avoir une santé mentale équilibrée est tout aussi important qu’être en bonne santé physique. Cette étude confirme que nos réformes font une grande différence et que nous atteignons précisément les groupes qui en ont le plus besoin : les enfants et les jeunes, les femmes et les personnes à faible revenu. Les chiffres montrent également clairement que nous brisons davantage le tabou autour de la santé mentale, car entre-temps, plus d’un demi-million de personnes ont trouvé le chemin d’une aide psychologique accessible et abordable. »
La MC plaide pour consolider et élargir le modèle de la convention, renforcer l’équité territoriale et garantir un accès effectif aux soins psychologiques pour tous. Selon l’organisation, la Semaine de la santé mentale constitue un moment opportun pour rappeler que le droit à un accompagnement psychologique de qualité doit être garanti partout en Belgique.
L’étude repose sur les données collectées auprès des 4,6 millions de membres de la MC entre 2019 et 2024, extrapolées à l’ensemble de la population. Elle croise les chiffres de recours, l’offre de soins, les besoins de santé mentale – notamment ceux issus de l’enquête Sciensano 2018 – et les caractéristiques socio-démographiques des bénéficiaires.








