Les infirmiers en soins intensifs doivent être mieux valorisés, plaide le KCE

De nombreux infirmiers d'unités de soins intensifs (USI) sont à la limite du burn-out et pensent à quitter leur emploi, voire la profession, ressort-il d'une étude publiée vendredi par le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE). Ce dernier demande un plan global pour attirer les infirmiers en général et vers les USI en particulier et les motiver à y rester. Une meilleure reconnaissance est avant tout nécessaire.

Après un rapport en 2020 sur la dotation infirmière, le KCE a réalisé une nouvelle vaste enquête en mettant l'accent sur les soins intensifs et les leçons à tirer de la crise sanitaire, avec un taux de réponse de près de 50% .

Il en ressort notamment que l'environnement de travail (participation à la politique hospitalière, qualité des relations médecin-infirmier, leadership infirmier,...) constitue un paramètre qui influence presque tous les autres. Par exemple, le risque de burn-out est 2,4 fois plus important dans les hôpitaux où l'environnement de travail est le plus mauvais (54 %) que dans ceux où il est le meilleur (23 %). L'intention de quitter son emploi est aussi 2,1 fois plus élevée dans les établissements où l'environnement de travail est le plus mauvais (56% contre 27%). La qualité des soins semble également liée à ce facteur. "Ces différences méritent qu'on s'y attarde", estime le KCE.

Par ailleurs, le ratio légal maximal de trois patients par infirmier aux soins intensifs n'est pas une réalité dans tous les hôpitaux, certains ne tenant pas compte du taux d'absentéisme, pointe l'enquête. Ce ratio comptabilise aussi les infirmiers en chef, alors que ceux-ci ont des responsabilités de gestion. Les infirmiers sont donc demandeurs "d'un ratio adapté à la charge de travail réelle".

Pour le Centre, la formation n'est en outre pas assez valorisée, alors que les infirmiers de soins intensifs sont presque tous diplômés au moins du niveau bachelier et que près de 80% ont aussi un titre professionnel particulier d'infirmier spécialisé en soins intensifs et soins d'urgence. "Il n'est donc pas exagéré de dire qu'il s'agit d'un personnel hautement qualifié, soumis à un niveau élevé de responsabilité."

Une des leçons à tirer de la pandémie de Covid-19 est enfin que le personnel en USI est difficilement remplaçable, alors que son expertise est souvent "gaspillée" à des tâches qui ne nécessitent pas de compétences spécifiques en matière de soins infirmiers, conclut le KCE. La quasi-totalité des répondants (99,6 %) a ainsi déclaré effectuer des tâches administratives, 89,4% des commandes et du rangement de médicaments et 80,9% du nettoyage de chambres et d'équipements. "La solution ici est d'engager du personnel de soutien (aides-soignants, personnel logistique) pour compléter les équipes."

"Le personnel des unités de soins intensifs (...) s'est avéré être le principal goulot d'étranglement pour assurer la capacité hospitalière nécessaire à faire face à la pandémie. Même si des solutions ont été 'bricolées' pendant la pandémie (...) ce serait une grave erreur de jugement de considérer ces stratagèmes comme des solutions à long terme", plaide le KCE, qui exhorte les autorités fédérales à mettre en place un plan de revalorisation du secteur.

Ce plan devrait porter, entre autres, "sur une meilleure reconnaissance, une rémunération adéquate, une promotion de la formation ainsi qu'une dotation en personnel conforme aux normes internationales".

La création du Fonds Blouses blanches était une importante première étape, mais "il est maintenant temps de passer à la vitesse supérieure pour que les infirmiers puissent assumer pleinement leur rôle essentiel dans la société".

> Synthèse du rapport

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