Le secteur pharmaceutique réagit négativement aux économies annoncées dans le budget des médicaments. « Les médicaments méritent leur place dans l’arsenal médical, non comme un poste de coût mais comme un pilier précieux de la qualité des soins », écrivent les CEO des fédérations sectorielles Pharma.be et Medaxes, Caroline Ven et Jasmien Coenen, dans une lettre ouverte publiée lundi.
L’accord de gouvernement prévoit de demander un effort de 80 millions d’euros à l’industrie pharmaceutique par le biais d’une baisse linéaire des prix des médicaments, afin de contenir l’augmentation des dépenses de santé.
Les deux dirigeantes dénoncent une pression croissante sur la fiabilité du système de santé et estiment réducteur de ne pointer que le prix des médicaments. « Les médicaments ne sont pas un problème mais une solution pour les soins de santé. Comme notre population augmente chaque année, le nombre de personnes ayant besoin de soins croît également. Ces besoins médicaux ne disparaissent pas en supprimant des médicaments », soulignent Caroline Ven et Jasmien Coenen.
Elles appellent dès lors à une « politique déterminée, qui ose impliquer tous les acteurs », regrettant que les autorités n’aient pris aucune mesure concrète au cours des 25 dernières années pour anticiper l’inévitable hausse des coûts liée au vieillissement de la population.
Les deux CEO rappellent en outre que les dépenses pour les médicaments, environ 1 % du PIB, « ne constituent pas le principal gouffre du budget de la santé ». « Des études montrent par ailleurs que les médicaments ont contribué de manière significative à l’allongement de l’espérance de vie en Belgique, de près de cinq ans depuis 2000. »
« En considérant sans cesse les médicaments comme une vache à lait pour équilibrer le budget des soins de santé, nous constatons que de plus en plus de produits ne peuvent plus rester sur le marché, deviennent temporairement indisponibles, voire ne sont simplement pas introduits dans notre pays », poursuivent Caroline Ven et Jasmien Coenen. Comme la part du budget dédiée aux médicaments est sous pression, des dépassements sont inévitables, entraînant des remboursements par l’industrie via le mécanisme dit de clawback.
Pour Mesdames Ven et Coenen, le gouvernement ne peut ignorer les médicaments s’il veut réellement construire un système de santé solide : ils doivent conserver leur place comme pilier des soins de qualité. « À tous ceux qui le reconnaissent – responsables politiques, soignants, patients, industrie et citoyens – nous tendons la main », concluent-elles.
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