Le PICS, un syndrome qui va exploser avec l’épidémie de covid-19 ? Des outils pour le repérer

Les patients sortant d’un séjour pour problème grave en USI sont exposés au « PICS » (pour post-intensive care syndrome, syndrome post-soins intensifs). Celui-ci peut apparaitre chez plus de 50% des patients concernés, et ceux qui ont échappé au covid ne feront pas exception. De découverte récente, il est d’après le KCE assez mal connu au-delà du cercle restreint des intensivistes. Le Centre d’expertise conseille aux MG des outils pour le repérer.

Le nombre de PICS pourrait grimper ces prochains mois, dans le sillage des passages en USI que les infections au Sars-Cov-2 provoquent. C’est pourquoi le KCE publie aujourd’hui un rapport - « rédigé dans une certaine urgence » - qui cible principalement les médecins traitants. Quoiqu’actuellement surchargés, ils n’en demeurent pas moins d’après lui les mieux placés pour déceler ce syndrome qui comporte tant des manifestations physiques que psychologiques et cognitives persistantes. Un syndrome lourd de conséquences sociales et pécuniaires, puisque 40% de ses victimes ne sont pas de retour au boulot un an après leur sortie de l’hôpital.

Quels sont les signes du PICS ? Du côté des symptômes physiques, il y a une faiblesse musculaire extrême, observée chez +/- 40% des patients. Elle est imputable à l’immobilité prolongée mais aussi, dit le KCE, à une véritable atrophie musculaire liée à un contexte inflammatoire aigu. S’y combinent des problèmes de type cognitif (pertes de mémoire, difficultés à s’exprimer verbalement, troubles de l’attention, difficultés dans les fonctions exécutives) qui peuvent survenir chez 20 à 40% des patients. Enfin, des symptômes psychologiques tels que l’anxiété ou la dépression peuvent apparaître chez 20 à 35% des patients dans les mois qui suivent la sortie de l’hôpital. Chez +/- 20% des sujet, on observe même un véritable syndrome de stress post-traumatique (PTSD), avec irruption de souvenirs traumatisants et d’hallucinations.

Enfin, on désigne par PICS-F, avec F pour famille, les problèmes psychologiques qui peuvent affecter 20 à 50% des proches du convalescents, qui eux aussi ont vécu une situation stressante (et voient la pression perdurer quand, de retour à la maison, ils se muent en aidants).

Six tests pour y voir plus clair

Désireux d’armer les MG pour la détection du PICS chez leurs patients sortis d’USI, le KCE a screené la littérature et identifié une demi-douzaine de tests simples, « à appliquer en 10 minutes » à domicile, dit-il. Ils portent sur la mobilité, la force musculaire, la dépression, l’anxiété, les fonctions cognitives globales et la fluidité verbale (respectivement : timed up-and-go, dynamométrie manuelle, questions de Whooley, test Gad 2, mini-COG, et test des noms d’animaux).

Que faire ensuite, en cas de PICS avéré ? « En Belgique, aucune prise en charge structurelle n’est prévue », indique le KCE. Isolément, quelques équipes d’USI commencent à offrir des consultations de suivi. Pour la gestion des séquelles physiques, le recours le plus ‘logique’, selon le KCE, c’est la kinésithérapie et les centres de revalidation. Ces derniers abordent souvent aussi les éventuels problèmes cognitifs associés. Pour des problèmes cognitifs isolés, le KCE conseille au MG de solliciter une évaluation par un neuropsychologue. Si le MG connait bien les troubles dépressifs et anxieux, « le PTSD est complexe et requiert souvent une prise en charge spécifique ».

Voir pour détails et autres pistes le chapitre 9, « Interventions possibles », de la synthèse du KCE  et les tests de détection rapide . Il est jalonné de cadres « A retenir en pratique » taillés pour les médecins généralistes.

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