Le docteur Denis Mukwege sera à Liège début avril

Le gynécologue Denis Mukwege, qui a reçu le prix Nobel de la Paix en octobre dernier, sera à Liège début avril. Le médecin avait été honoré pour son action en faveur des femmes et petites filles violées en situation de conflits, qu'il «répare» dans son hôpital de Panzi à Bukavu (est de la République démocratique du Congo). Il participera à la première réunion du comité scientifique de la Chaire internationale portant son nom, créée en septembre 2018 au départ de l'Université de Liège, a indiqué jeudi Véronique De Keyser, ex-députée européenne et présidente de l'ASBL liégeoise «Les Enfants de Panzi et d'Ailleurs».

De retour de mission à Bukavu, Véronique De Keyser lance un appel afin de récolter les soutiens financiers nécessaires pour continuer à assurer le programme de prise en charge psychologique de fillettes violées dans des villages autour de Bukavu et où des miliciens font régner la terreur. Ce programme a été mis en place en 2015 en lien avec le docteur Mukwege, qui opère les victimes.

«Jamais je n'ai été à ce point révoltée et émue aux larmes par la tragédie que vit la population. Des viols collectifs avec pillages, des fillettes violées puis assassinées et auxquelles on a arraché l'utérus, une femme violée en pleine rue sous les rires et applaudissements, une petite fille de sept mois sodomisée par plusieurs miliciens, une gamine de 4 ans dont les appareils internes ont été complètement abîmés à la suite de pénétrations collectives sont autant d'exemples de cette barbarie. Là-bas, c'est le niveau zéro de l'humanité! Et pour la première fois, on a vu apparaître des agressions d'hommes, comme celui dont les testicules ont été arrachées après avoir été lestées par des pierres», raconte Véronique De Keyser. Elle en appelle à une riposte de l'État, alors que l'extrême pauvreté et l'exploitation «illégale» des ressources minières «attise les convoitises» affectant la République démocratique du Congo.

Une petite équipe psychosociale a été mise en place et intervient au sein de deux villages. Un suivi y est assuré auprès d'une soixantaine de fillettes violées, âgées entre 0 et 10 ans. «On a mis en place une thérapie par le jeu, vu que les toutes petites ne savent pas exprimer leur souffrance. Les fillettes présentent des signes post-traumatiques importants, font des cauchemars, sont victimes de flashbacks qui peuvent donner lieu à des rejets par la famille car elles sont vues comme des sorcières. Le processus est long mais au bout de trois ans, on commence à voir une amélioration».

Les 1er et 2 avril prochains, le docteur Mukwege viendra à Liège à l'occasion de la première réunion du comité scientifique de la Chaire internationale portant son nom, créée au départ de l'Université de Liège. Dédiée aux violences sexuelles subies par les femmes et filles en situation de conflits, celle-ci vise à développer les recherches interdisciplinaires en la matière, à fédérer les connaissances et à promouvoir les résultats de ces recherches. Suivra, du 13 au 15 novembre, le premier congrès de la Chaire Mukwege à Liège. L'objectif est d'organiser ce congrès chaque année par les universités parte naires, dont une fois tous les trois ans en Afrique.

Une soirée de levée de fonds sera également organisée le 13 novembre à Liège, en présence du docteur Mukwege. "Nous avons besoin de matériel, de vêtements, de jeux mais ce qui pèse le plus lourd financièrement, ce sont les salaires de l'équipe, l'organisation des jeux car il faut prévoir la nourriture et le déplacement de l'équipe ainsi que le paiement des mamans aidantes", précise Véronique De Keyser.

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