L'ONSS pourra désormais tracer les travailleurs en croisant des bases de données contenant des données de santé sensibles

Pour limiter la propagation du Covid-19, un arrêté ministériel du 12 janvier prévoit que l'Office national de sécurité sociale (ONSS) soit "doté de moyens étendus pour tracer les travailleurs, salariés et indépendants, au moyen d'outils technologiques développés, dont le datamining et le datamatching", alerte vendredi la Ligue des droits humains (LDH). L'organisation dénonce une ingérence importante dans les droits et libertés des personnes concernées.

L'ONSS pourra désormais assurer le traitement à grande échelle des données de santé sensibles en reliant et en croisant des bases de données, dénonce la LDH. Selon elle, la rédaction de l'arrêté ministériel, très peu détaillé, implique une faculté d'intrusion extrêmement large et concerne à priori toutes les données contenues dans les bases de données de Sciensano. L'arrêté s'applique à toutes les personnes, infectées ou non, n'est pas limité dans le temps et implique un nombre considérable d'institutions.

L'organisation déplore également l'inscription de cet article dans un arrêté ministériel et non dans une loi. En contournant le législateur, le gouvernement empêche ainsi tout débat public et démocratique sur la question.

"Depuis le début de la pandémie, nous attendons désespérément l'adoption d'actes législatifs qui permettraient de faire fonctionner nos organes démocratiques et de faire vivre les valeurs fondamentales qu'ils sont censés défendre et protéger", pointe la Ligue.

De la même manière, le prolongement jusqu'au 1er mars de toutes les mesures fédérales Covid-19 (bulle sociale, restrictions des rassemblements, couvre-feu, télétravail obligatoire) a aussi été adopté par arrêté ministériel, rappelle la LDH.

Interrogé jeudi par des députés de l'opposition, le Premier ministre, Alexander De Croo, s'est dit sensible à ce débat. Le gouvernement s'est fondé jusqu'à présent sur deux textes: la loi sur la sécurité civile de 2007 et la loi sur la fonction de police de 1992.

"Certains disent que pour des mesures draconiennes, une base juridique plus large est nécessaire. Je suis sensible à ce débat. Les temps changent. Nous sommes maintenant confrontés à une situation tout à fait exceptionnelle", a-t-il expliqué.

Le chef du gouvernement veut toutefois éviter que l'élaboration d'un nouveau cadre légal ne sape les fondements du dispositif sanitaire actuel qui, souligne-t-il, a passé plusieurs fois le cap du Conseil d'Etat et a été jugé "proporitionné". "Nous devons éviter que la base légale qui nous a sauvé d'une catastrophe médicale ne soit fichue en l'air dans un moment délicat comme celui-ci", a-t-il souligné.

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  • Jean GERAIN

    19 janvier 2021

    La pieuvre Franck Robben allonge ses tentacules. Il n'y a plus de vie privée en Belgique, et le corps médical est complice, "à l'insu de son plein gré"!

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    18 janvier 2021

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