La CSC a sondé un millier de francophones en quête de travail à propos de leur santé. Le syndicat chrétien conclut à l’effet délétère de la privation d’emploi sur l’état de santé des personnes concernées. A 42%, celles-ci estiment qu’il se dégrade depuis qu’elles sont sans boulot. En outre, la CSC révèle un report ou un renoncement aux soins de médecine générale pour raisons financières chez 31,3% des répondants.
L’étude, menée par le Cirtes (UCLouvain), Centre interdisciplinaire de Recherche, Travail, Etat et Société, réalisé à la demande du syndicat chrétien CSC, d’avril à juin 2019 en Wallonie et à Bruxelles par voie imprimée et digitale, s’appuie sur 996 questionnaires exploitables. Parmi les participants, un tiers ont plus de 50 ans, la moitié sont au chômage depuis plus de 2 ans. La quarantaine de questions qui leur étaient soumises cernaient les impacts de la perte d’emploi et des périodes de chômage sur leur forme physique et mentale.
Si la moitié des répondants considèrent leur état de santé actuel comme bon à très bon, l’autre moitié le décrit comme moyen à très mauvais. Plus la durée du chômage s’allonge, plus la part des TSE - les « travailleurs sans emploi » - qui s’affirment en (très) bonne santé se réduit. Elle descend de 25,5% parmi les chômeurs de moins de 6 mois à 6,8% chez ceux de plus de 2 ans. 50% estiment que leur état de santé est resté stable (voire qu’il s’est amélioré, pour 7,3 autres pourcents) depuis qu’ils n’ont plus de travail. Restent donc plus de 42% de participants qui trouvent qu’il s’est dégradé. Selon 4 à 5 répondants sur 10, le chômage exerce un impact négatif sur diverses facettes du quotidien comme les habitudes alimentaires, les loisirs, l’activité physique ou le rythme de vie.
Le problème de santé le plus fréquent déclaré par les TSE est celui des douleurs musculaires (43,5% de réponses), suivi de l’état dépressif (37,4%) et des migraines (30,9%). La CSC a également constaté que la proportion des travailleurs sans emploi rapportant souffrir de dépression augmente avec la durée du chômage. Par ailleurs, 62% des travailleurs sans emploi déclarent avoir plus de problèmes de sommeil dus à leurs soucis que d’habitude, et 66% se sentir plus constamment stressés et tendus. Au total, les travailleurs sans emploi interrogés sont 17,9% à prendre des somnifères et tranquillisants, et 18,2% des antidépresseurs.
De plus, ces travaux confirment qu’être au chômage n’enrichit pas la vie sociale : dans les 6 premiers mois, un tiers des participants ne voient plus leurs amis, ou moins souvent. Après 2 ans sans boulot, c’est la moitié des chômeurs qui se frottent à cet isolement.
On verra plus tard…
Fort de ces ordres de grandeur, le groupe TSE de la CSC s’efforce à présent de sensibiliser les services d’urgence et les MG à la plus grande fragilité de ce public. Dans le même temps, il confirme aussi qu’il déserte parfois les cabinets de consultation : être au chômage impacte la consommation de soins. 50% des répondants considèrent que la quote-part personnelle à débourser pour se soigner est « difficilement supportable » (contre 30% de « supportable »). Ils sont au total 31,3% à admettre renoncer ou reporter des soins pour eux-mêmes chez le généraliste pour des raisons financières. Certains le font « régulièrement » (23,3%) et d’autres, « toujours » (8%).
Même réflexe, en plus marqué encore, par rapport à la consultation d’un spécialiste : 40,3% font l’impasse ou la diffèrent, dont 25,9% « régulièrement » et 14,4% « toujours ». Il n’y a dans l’étude que les soins dentaires qui affichent un taux de renoncement plus important (40,9%). A l’autre bout du spectre, ce sont les hospitalisations et les opérations qui font l’objet du taux de renoncement le plus faible (respectivement 16,8% et 16,1%).
Une consultation chez son généraliste coûte au final 4€ maximum, voire 1€ chez les plus fragilisés. Sans compter que certains médecins ne font même pas payer de ticket modérateur à certains patients fragiles. Si 4€ c'est insurmontable, il y a un gros problème dans ce pays...
— Bertrand Camus (@DrCamusB) January 21, 2020
Il faut prendre le constat des inégalités de santé dans leur globalité. Par exemple, la consultation chez un prestataire de soins est souvent synonyme de prescription de médicaments, difficiles à payer pour les publics fragilisés.
— Mutualité chrétienne (@MC_mut) January 21, 2020
Donc c'est plutôt la pharmacie le problème... Lieu où se trouve un nombre incroyable de produits non remboursés à l'efficacité et l'intérêt discutables...
— Bertrand Camus (@DrCamusB) January 21, 2020
Il faut voir plus loin : transport, examens complémentaires, anxiété de diagnostic, garde des enfants, revenu de remplacement, poste de travail adapté...
— Nathalie Schirvel (@NatSchirvel) January 21, 2020
Il est grand temps que la santé soit vue de façon transversale.
Ce n'est pas juste aller voir son généraliste pour 1euro.
La question ne se résume effectivement pas à l’accessibilité financière (1€/4€) du médecin généraliste mais concerne leur fragilité globale. Elle accentue leur peur du diagnostic et leur peur de se retrouver ensuite confronté à des frais bcp plus importants.
— Catherine Fonck (@catherinefonck) January 21, 2020
Déjà pas mal de le dire: le @PSofficiel ne l’avait toujours pas compris pendant la dernière campagne électorale!!
— Dr Thomas Orban (@OrbanDoc) January 21, 2020
Ok.. et quelle est la solution à ça ?
— Bertrand Camus (@DrCamusB) January 21, 2020
1 donner accès au statut BIM à tous les patients avec autorisation de tiers payant systématique.
— David SIMON (@Freedoc_be) January 22, 2020
2 abaisser le plafond du MAF pour les médicaments prescrits par le médecin.