En 2022 les médecins suisses seront tenus de prouver la qualité de leurs prestations 

A partir de 2022, les médecins suisses exerçant en ambulatoire seront légalement tenus de prendre des initiatives en faveur de la qualité - objectivables et rendues visibles des patients, de l’assurance maladie et du monde politique. Une dynamique visant à générer une culture de la remise en question et de la gestion des erreurs. 

La future contrainte découle d’une révision, l’an passé, de la loi fédérale sur l’assurance-maladie axée sur le « renforcement de la qualité et de l’économicité ». Outre maitriser les coûts, elle tend à accroitre la sécurité des patients. Le développement d’indicateurs de qualité est programmé, auquel va participer la Société suisse de médecine interne générale (SSMIG) qui tient à ce qu’ils soient jugés pertinents et applicables par les confères.

Dans le cadre d’un projet pilote incluant les assureurs, la SSMIG a, avec Médecins de famille et de l'enfance Suisse, défini 4 activités de qualité à mettre en œuvre dès cette année dans les cabinets - si ce n’est fait - pour se mettre dans le bain. 

Il s’agit e.a. de participer activement à des « cercles de qualité », un temps d’échange intercollégial sur des aspects de la pratique où les médecins identifient un potentiel de progression. La suite étant de le concrétiser en adoptant le classique processus d’amélioration continue PDCA (plan-do-check-act). Les médecins sont aussi invités à accorder une attention redoublée à l’hygiène des mains qui (même si le covid a changé la donne) ne recevait peut-être pas toujours l’attention requise dans le flot des contacts quotidiens. 

Troisième axe proposé : appliquer le mantra de l’association « Smarter Medicine – Choosing Wisely Switzerland », dont la SSMIG est membre fondateur, à savoir : éviter la surmédicalisation. Multiplier les actes ne se solde pas toujours par une amélioration des résultats thérapeutiques, estime cette association. Elle procède avec des « top 5 », par discipline, d’examens et de soins qui, en général, ne se révèlent pas utiles. Un travail non négligeable pour être suivi dans cette logique du « point trop n’en faut » est l’information des patients, qui pourraient se méprendre sur la « passivité » du médecin.

Enfin, la SSMIG préconise la notification des évènements ayant conduit à des quasi-erreurs ou à des erreurs, pour les analyser et éviter qu’ils ne se reproduisent. Ce qui passe par l’ « institutionnalisation » dans les cabinets de CIRS (Critical Incident Reporting Systems), pour prendre l’habitude de tirer les enseignements des incidents survenus, ou par l’usage accru de CIRS existants (*).

Les initiatives mises en œuvre devront être encodées sur le site de la FMH, l'organisation professionnelle du corps médical suisse. Le but est que cette proactivité en faveur de la qualité soit reprise ensuite sur « doctorfmh.ch », l’annuaire officiel des médecins suisses à 30.000 entrées, géré par la FMH. Les médecins peuvent y enrichir leur profil (langues pratiquées, formations complémentaires, prestations spéciales…)

A noter enfin que la stratégie qualité de la SSMIG comporte aussi un point « temps requis pour le traitement des patients ». Elle compte déterminer via une analyse qualitative « quel est le temps de consultation nécessaire pour assurer des soins de grande qualité aux patients polymorbides » (et s’en servir dans les négociations tarifaires, ce qui n’est pas sans rappeler les discussions belges sur la « consultation longue »).

(*) il existe un système de déclaration pour les MG sur le Forum suisse de la médecine de premier recours 

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