«Quelle rémunération pour les avis à distance?» (Dr C. Massot - OFBS)

Pour le Dr Christian Massot, «les gestionnaires d’hôpitaux et les médecins sont de plus en plus attentifs au coût réel d’un second avis donné à distance notamment». Il faudra fixer des règles en la matière.

 

Pour la seconde année, l’Observatoire Franco-Belge de la Santé (OFBS) a organisé son Forum Santé Transfrontalier sur le thème «E-santé, enjeux et défis transfrontaliers». De nombreux médecins et experts sont venus y faire part de leur espoir et de leur inquiétude face à cette révolution technologique. Christian Massot, le président de l’OFBS et médecin de santé publique à l’Observatoire de la santé du Hainaut depuis 1995, est convaincu que «le recours au numérique pourrait contribuer à trouver des solutions pour améliorer la couverture des soins de populations ayant difficilement accès à des structures médicales générales ou spécialisées». Sans naïveté, il est conscient des enjeux économiques sous-jacents: le financement juste de la rémunération d’un avis donné à distance. «Dans beaucoup de cas aujourd’hui, les développements de l’e-health sont des projets pilotes. A ce jour, l’impact sur les finances des hôpitaux n’est pas encore toujours très précis. Chacun y met du sien pour que les expériences pilotes réussissent et offrent des possibilités futures aux hôpitaux et aux médecins». Cette première phase n’est cependant pas éternelle. «Actuellement, les gestionnaires d’hôpitaux et les médecins sont très attentifs à tous les coûts et notamment au coût réel d’un second avis donné à distance. A terme, il faudra donc rémunérer au juste prix chaque acte.» Ces coûts vont devoir être identifiés et faire l’objet d’une nomenclature adaptée dans chaque pays mais aussi au niveau transfrontalier: «Est-ce que ce sera le prix classique d’une consultation, y aura-t-il un prix propre ou adapté? Dans l’état des finances des hôpitaux, il ne s’agit pas d’une question anodine.»

La cohérence du développement de cette politique sera aussi technologique: «Aujourd’hui, des logiciels différents se côtoient. Cette situation ne peut être que temporaire.» Pour lui, les autorités compétentes vont devoir agir: «Des choix doivent être posés au niveau administratif et politique pour mettre sur pied des standards européens. C’est indispensable pour que les différents hôpitaux, médecins et patients puissent être connectés et que l’échange des informations soit le plus fluide possible.»

Le DMP français est moins développé que le Belge

Pour André Vandenberghe, directeur du Réseau santé wallon, les échanges transfrontaliers nécessitent des standards d'identification pour les patients et les professionnels. «La Belgique va donner un numéro de registre national aux médecins français pour qu'ils puissent se connecter à notre système et les patients étrangers vont avoir aussi des numéros de registre nationaux bis.»  Dans les faits, cela permettra donc à un médecin français qui soigne un patient belge d'entrer dans le Réseau santé wallon. «Par contre, le DMP (dossier médical partagé) français est moins développé que le Belge. La France doit donc d'abord améliorer le sien avant de le connecter au nôtre.» Il faut savoir qu'aujourd'hui la Belgique soigne plus de patients français que l'inverse. Restent les tensions et les réticences du corps médical parfois à propos des projets de e-health: «Il y a beaucoup d'amalgames sur cette question. Si le but est de mettre des médecins à contribution pour collecter des données pour l’Etat, les médecins sont plus méfiants. Par contre, s'il s'agit de mettre en place des échanges de données pour mieux soigner les patients, les médecins y sont pratiquement toujours favorables.  L'important aujourd'hui est vraiment de créer la confiance.» Voilà qui est dit...

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